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Société de la Saskatchewan
Société historique de la Saskatchewan

Revue historique: volume 13 numéro 2

Ferland

85e anniversaire de la paroisse St-Jean-Baptiste
de Laurier Gareau
Vol. 13 - no 2, décembre 2002
Au début du siècle, un groupe de cultivateurs de Sainte-Claire-de-Dorchester au Québec vient dans l’Ouest canadien pour aider à faire les battages. Ayant vu les grandes plaines de la Saskatchewan, ils décident d’y demeurer. Ils se rendent dans la région de Notre-Dame d’Auvergne dans le sud-ouest de la province, puis ensuite vers leurs nouveaux homesteads au sud-est de cette communauté. C’est à cet endroit qu’ils allaient fonder la communauté de Ferland en 1910. Nous allons traiter de certains pionniers de Ferland: les Fournier, Chabot, Fauchon, Morin et Couture. En 1917, ils fondent la paroisse St-Jean-Baptiste. Cette année, ils fêtent le 85e anniversaire de fondation de leur paroisse.

Ce texte fait partie de la collection du Matériel d'appui du programme des Sciences humaines du ministère de l'Éducation, La Saskatchewan française: Volume 2 - Les communautés fransaskoises. Il est possible de trouver l'ensemble de cette collection sur internet à l'adresse suivante:
www.sasked.gov.sk.ca/docs/francais/fransk/saskfrancais/vol2.html. Nous le reproduisons avec la permission du BMLO.



Les battages et des homesteads dans l’Ouest
Au début du siècle, et ce jusqu’à l’arrivée dans l’Ouest canadien des grosses moissonneuses-batteuses après la Deuxième Guerre mondiale, des milliers d’ouvriers sont recherchés chaque automne pour aider avec la moisson. À cette fin, le gouvernement, les compagnies de chemin de fer et les journaux organisent des campagnes de publicité chaque année pour recruter des milliers de jeunes hommes des Maritimes, du Québec et de l’Ontario qui viendraient travailler dans l’Ouest pendant quelques mois. Ces jeunes hommes sont connus sous le nom de «batteux»; ils sont chômeurs, étudiants ou même commis de magasin.

Certains viennent dans l’Ouest, aident aux battages puis regagnent l’Est, relativement plus riches qu’ils ne l’étaient à leur arrivée. Les gages des «batteux» sont élevés, comparativement aux salaires payés ailleurs au Canada. Un débutant peut gagner jusqu’à 1,50 $ par jour, alors qu’un employé avec plus d’expérience peut obtenir jusqu’à 3,50 $ par jour. En 1915, par exemple, alors qu’il y a une récolte record en Saskatchewan, les salaires atteignent 6,00 $ et 8,00 $ par jour. Ailleurs, un commis de magasin reçoit peut-être 30 $ par mois.

Plusieurs de ces jeunes hommes viennent dans l’Ouest pour l’aventure. D’autres viennent se prendre un homestead. Le gouvernement canadien les encourage certainement à rester avec son offre de terrain gratuit. Ils n’ont qu’à payer le coût d’inscription de 10 $. Les trains offrent également des prix spéciaux aux «batteux» pour qu’ils puissent se rendre dans l’Ouest.

Ste-Claire de Dorchester
Photo: Noëlla Girardin
Ste-Claire de Dorchester, Québec, vers 1909, le village natal des familles Edmond Chabot, Joseph Fournier et Cyrille Fauchon.

«Pour la somme de 10 $, on pouvait se rendre jusqu’à Moose Jaw en Saskatchewan.»(1)

En 1909, Joseph Fournier, un cultivateur de Sainte-Claire-de-Dorchester au Québec, décide de se joindre à une de ces excursions de «batteux» et de venir voir les terres de la Saskatchewan.(2) «Joseph Fournier [...] trouvant que l’avenir ne lui souriait pas dans sa paroisse natale, résolut d’aller chercher ailleurs un endroit où il pourrait établir sa nombreuse famille.»(3)

Fournier avait déjà fait des voyages ici et là au Québec, mais n’avait rien trouvé à son goût. Il s’était même rendu jusqu’au Manitoba, comme «batteux» en 1906, mais encore une fois il avait été déçu.

À l’été de 1909, Joseph Fournier, ses deux fils, Louis et Joseph, et un neveu, Joseph Chabot, paient chacun dix dollars pour leur billet de train et se dirigent vers la Saskatchewan. «La récolte était abondante; le blé rapportait 35 à 40 boisseaux l’acre et l’avoine de 55 à 70 à l’acre.»(4) Les quatre cultivateurs de Sainte-Claire n’ont aucune difficulté à se trouver de l’emploi comme «batteux» chez un fermier de Milestone, à quelque 50 kilomètres au sud de Regina.

Maison du fermier de Milestone
Photo: Noëlla Girardin
Maison du fermier de Milestone, Saskatchewan où Joseph Chabot, Louis Fournier et les autres ont travaillé comme «batteux» en 1909. Au dos de la photo on peut lire une lettre du 12 novembre 1909 de Louis Fournier à ses parents.

«Bien chers parents quelques mots pour vous donner de nos nouvelles nous sommes toujours bien. nous avons fini de bate on s’attendait de dessendre cette semaine mais nous sommes rengager encore pour un mois tous les quatre mais Joseph C (Chabot) vas dessendre la semaine prochaine probablement Nous dessendront vers le 15 dessembre si on trouvent pas d’engagement pour l’hivers moi et J (Joseph Fournier) et L.C. (Louis Carbonneau) moi et L.C. nous charyion les greins aux chars J. labour Jos C erce. Je ne vois rien autre chose aurevoir écrivez-nous souvens. L.J. Fournier (Louis et Joseph) sais la maison de notre bosse comme vous voyez il est pas trop mal bâti.»


Pendant les moissons, ils doivent arrêter les travaux pour un certain temps, à cause de la pluie. Pendant ce temps, le groupe se rend au bureau de l’agent des Terres du Dominion à Moose Jaw où ils apprennent que le township 6 du rang 8 vient d’être ouvert à la colonisation. Au bureau de l’agent des Terres, ils font également la connaissance d’un dénommé Fortier, qui a fait partie de l’équipe des arpenteurs de ce township. Fortier est prêt à leur suggérer les meilleurs carreaux dans cette concession, moyennant un cachet de 10,00 $ le carreau.

Le groupe de Sainte-Claire accepte l’offre de Fortier. Joseph Fournier, ses deux fils et son neveu quittent le bureau des Terres du Dominion avec la garantie de deux sections de terrain (8 carreaux) dans la région sud-ouest de la Montagne de Bois, quelque 50 kilomètres au sud-est de la paroisse de Notre-Dame d’Auvergne et près de la frontière américaine. Chacun d’eux a dû investir 30 $: 20 $ pour les conseils de Fortier (10 $ par carreau) et 10 $ pour inscrire leur homestead. Ils avaient tous 10 ans pour payer les 480 $ (3 $ l’acre) pour leur carreau de préemption.

Ayant fini leurs transactions à Moose Jaw, les quatre retournent à Milestone et reprennent les travaux des moissons. Quelques jours plus tard, ils aperçoivent trois hommes qui s’avancent vers eux dans le champ. Il s’agit du père de Joseph Chabot, Edmond, de Cyrille Fauchon et de Louis Carbonneau de Sainte-Claire-de-Dorchester. «Ils ne tardèrent pas à s’enquérir de la situation, et quelques jours plus tard les trois visiteurs devenaient propriétaires eux aussi de terrains dans la même région que les premiers.»(5)

Jusqu’à présent, aucun des sept hommes ne s’est rendu dans la région qui deviendra plus tard Ferland. Cyrille Fauchon et Edmond Chabot retournent au Québec immédiatement, tandis que Louis Carbonneau se joint aux quatre autres pour finir les battages. Une fois les récoltes dans les graineries, le groupe retourne à Sainte-Claire. Que savent-ils de leurs propriétés dans la région de la Montagne de Bois? «Ce qu’il savait, c’est que l’endroit de leurs terres était à une distance d’environ 125 milles de Moose Jaw. Les moyens de transport étaient très limités. Il n’y avait pas de chemin de fer et les routes étaient inexistantes.»(6)

La prochaine étape est celle d’envoyer quelqu’un visiter la région. Il faut explorer les terres réservées et déterminer si le terrain sera bon pour la culture des grains. Au début de l’année 1910, il est décidé que ce sera Louis Fournier et Joseph Chabot qui

Bureau des terres du Dominion à Moose Jaw
Photo Archives de la Saskatchewan
Bureau des terres du Dominion à Moose Jaw vers 1909.


La famille d?Edmond Chabot et Mélanie Fournier
Photo: Noëlla Girardin
La famille d?Edmond Chabot et Mélanie Fournier en 1912. 3e rangée: Joseph, Odélie, Avila, Isaïe et Antonio; 2e rangée: Edmond et Mélanie; 1re rangée: Médelger et Noé.

feront le voyage. «Le 14 février, ils s’embarquaient pour l’Ouest et, quelques jours plus tard, mettaient pied à Swift Current.»(7)

À Swift Current, les deux jeunes hommes découvrent qu’il n’y a pas grand-chose dans cette région sud-ouest de la nouvelle province de la Saskatchewan, même pas de routes. «Y’avait rien. Y’avait ienque les buffalos qu’ils appelaient. Y’avait seulement pas de chemin. Quand on est monté de [....], y fallait suivre les traces des... des buffalos.»(8)

Comme bien d’autres colons canadiens-français, Louis Fournier et Joseph Chabot se rendent à Notre-Dame d’Auvergne où ils visitent un vieil ami de Sainte-Claire, Arthur Thibault, un colon de la région. «Arthur était bon pour s’orienter avec un compas.

La famille Joseph Fournier et Philomène Bégin
Photo: Noëlla Girardin
La famille Joseph Fournier et Philomène Bégin vers 1914. 3e rangée: Angéline (Bouvier), Louis, Valéda, Joseph, Léophile; 2e rangée: Laurenza, Philomène, Joseph, Antonio, Aristide; 1re rangée: Marie-Anne et Charles-Henri.

Y’a été en placer gros du monde sur les homesteads. Eux autres qui étaient pas capables de trouver leur terrain... parce qu’y avait toujours un poteau avec le numéro. C’est un poteau qui était à peu près ça d’haut (environ 30 centimètres) un petit poteau de fer à peu près trois pouces carrés... puis les numéros des terrains étaient dessus ça.»(9)

Arthur Thibault accepte d’accompagner Louis Fournier et Joseph Chabot jusqu’à leurs homesteads, environ 50 kilomètres au sud-est de Notre-Dame d’Auvergne. Que vont-ils trouver? L’arpenteur Fortier a-t-il été honnête? Les terres sont-elles propres à la culture? Au futur emplacement de Ferland, les deux jeunes Canadiens français découvrent que les terres sont cultivables et, sans être de la même qualité que celles de Milestone où ils ont travaillé l’année précédente, pourront produire de bonnes récoltes.

Ayant exploré la région, Louis Fournier et Joseph Chabot retournent à Notre-Dame d’Auvergne pour envoyer un message à leurs pères restés au Québec.

Lorsque l’information arrive à Sainte-Claire-de-Dorchester, tout le monde se réunit pour décider ce qu’ils vont faire. Joseph Fournier père, Edmond Chabot et Cyrille Fauchon décident d’aller s’installer définitivement dans l’Ouest. Louis Carbonneau n’est pas prêt à quitter le Québec pour s’en aller au loin. Il opte pour rester à Sainte-Claire.

Toutefois, d’autres se joignent au groupe, comme Napoléon Fauchon, frère de Cyrille. Une fois dans l’Ouest, Napoléon Fauchon prendra son homestead à Meyronne à une trentaine de kilomètres des autres.

Avant de s’en aller en Saskatchewan, ils doivent vendre leurs terres au Québec. Puis, Joseph Fournier père achète des boeufs et deux chevaux. «Mon père [...] y a monté un char de boeufs de l’Est et puis y avait un ou deux chevaux aussi avec ça. C’était pour nous autres puis c’était pour les Chabot. C’est avec ça qu’ils ont commencé à casser du terrain... ouvrir le terrain... puis le labourer. Et puis la première année, ils en ont fait 15 acres.»(10)

Ils sont vingt-huit qui quittent le Québec en avril 1910; Joseph Fournier père, Cyrille Fauchon, Joseph Fournier fils, Avila Chabot, Léo Fauchon et Naopléon Fauchon voyagent sur les chars de freights avec la besogne des familles et les animaux.

Cyrille Fauchon et Marie Ruel
Photo: Noëlla Girardin
Cyrille Fauchon et Marie Ruel.

Edmond Chabot voyage avec les femmes et les enfants: Mme Joseph Fournier(11) et ses enfants, Mme Edmond Chabot et ses enfants et Mme Cyrille Fauchon et ses enfants. Vingt-deux en tout, prennent le train et se dirigent vers l’Ouest. À Swift Current, les trois familles passent 8 ou 9 jours à la «maison des immigrés» en attendant l’arrivée des hommes. Puis le groupe se dirige vers Notre-Dame d’Auvergne où ils doivent rester quelques jours chez Arthur Thibault. En route ils passent la nuit chez un Mennonite.

À Notre-Dame d’Auvergne, Mme Zéphérine Thibault les accueille chez elle: «Les femmes et les enfants ont resté dix jours de temps dans la maison avec nous autres avant qu’ils aient le bois pour bâtir.»(12) Bien sûr, Mme Thibault est habituée à

Swift Current en 1910
Photo: Noëlla Girardin
Swift Current en 1910. On y aperçoit la maison des immigrés(x) où les familles Chabot, Fournier et Fauchon se sont réfugiées en attendant l?arrivée de Joseph Fournier et Avila Chabot avec les chars d?animaux. Ils étaient 28 en tout.

accueillir des visiteurs chez elle: «On n’était pas supposé, quand on a mouvé par icitte, de refuser de loger personne... même y en rentrait qu’on avait même pas connaissance... on barrait jamais les portes... et puis ils se couchaient à terre, à attendre le jour.»(13)

Township 6
Carte:
Township 6, Rang 8 à l'ouest du 3e Méridien. Ferland (Saskatchewan) vers 1915. Source: SaskAtlas et Noëlla Girardin.

Le trajet de Notre-Dame d’Auvergne à Ferland ne se fait pas en une journée. Les voyageurs sont en route encore trois jours avant d’arriver enfin sur le homestead de Louis Fournier. Au début, les trois familles se regroupent chez Louis Fournier. On doit coucher dans des tentes que Joseph Fournier a obtenues de l’armée avant de quitter le Québec.

Mais les trois familles ne tardent pas à se disperser, chacune sur son homestead, où les maisons seront construites. Les premières maisons sont faites de planches, que les colons doivent transporter de Swift Current ou de Morse.

«L’Ouest canadien compte trois nouvelles familles qui prendront racine dans ce coin de la Saskatchewan.... Ce coin de terre qu’ils fondent n’a pas encore de nom, mais qu’importe. C’est maintenant leur “chez-eux”... Ils sont au nombre de 28.»(14)

Plus tard, d’autres familles comme les Morin et les Couture viendront se joindre aux familles Fournier, Chabot et Fauchon.

Une communauté prend forme
Lorsqu’elles arrivent en Saskatchewan, les trois familles ne trouvent aucune des institutions qu’elles ont connues au Québec. Il n’y a pas de bureau de poste, d’église, d’école. Tout est à faire dans cette prairie du sud de la Saskatchewan.

Avant même de commencer à bâtir leurs maisons, ils font la connaissance de l’abbé Jules Bois. C’est un jeune prêtre français qui est arrivé dans l’Ouest canadien en 1909 pour fonder une paroisse française près de Ferland. En effet, des colons de la France étaient arrivés en 1908 et s’étaient établis à Meyronne. Benjamin Soury-Lavergne était parmi eux. «Ce dernier était déjà dans cette région depuis avril 1908, arrivé avec MM. Dugas, Roy, De Jaeger, Géraux, Baonville et Hanna, puis en mai, MM. Edmond Loutrel, Lacaze et Hart.»(15)

Au printemps de 1910, l’abbé Bois et un groupe de colons se dirigent vers la région de Billimum à l’ouest de Ferland où sera érigée la mission de Saint-Martin. «Conduisant des colons vers la région de Billimum, ce prêtre aperçut une tente dans la vallée et, sans hésiter, résolut de s’y arrêter pour faire connaissance avec les nouveaux colons.»(16)

L’abbé Jules Bois allait devenir le premier curé de Ferland. Il s’y rend de temps en temps, disant parfois la messe sous une tente et parfois dans la maison d’un pionnier. «La première messe célébrée dans la région de Ferland fut par l’abbé Bois, vraisemblablement en mai 1910. Elle eut lieu sous la tente en présence des familles Fournier, Fauchon et Chabot. Le missionnaire continuait ensuite, à tous les mois, de venir dire la messe, soit chez Edmond Chabot, soit chez Joseph Fournier.»(17) Le jeune missionnaire français continuera de visiter la région jusqu’à la fondation de la paroisse Saint-Jean-Baptiste en 1917 et l'arrivée de l'abbé Arthur Magnan, ancien curé de Gravelbourg.

Puisqu’ils ont un prêtre qui viendra leur chanter la messe une fois par mois, les colons veulent maintenant avoir un bureau de poste. Edmond Chabot est chargé de communiquer avec le ministre des Postes pour lui demander d’établir un bureau de poste. Puisque les pionniers viennent tous de la paroisse de Sainte-Claire-de-Dorchester, ils demandent que le nom de leur nouvelle communauté soit Sainte-Claire-des-Prairies. «Mais comme

l?abbé Jules Bois célèbre la messe pour la première fois à Fournierville
Photo: Noëlla Girardin
Le 6 décembre 1910, l?abbé Jules Bois célèbre la messe pour la première fois à Fournierville. Joseph Chabot et Laura Dion sont à la gauche.

il existait déjà un bureau dans la province sous le nom de Vallée-Sainte-Claire, Ottawa l’ouvre quand même le premier avril 1911 sous la désignation “Des Prairies” en nommant Edmond Chabot comme titulaire.»(18)

Ainsi commence l’histoire du nom de Ferland. Les gens de la région ne sont pas contents du nom «Des Prairies». Le nom ne veut rien dire! Et, selon les pionniers du coin, ce nom pourrait porter à confusion avec le bureau de poste de «Lac des Prairies».

En mai 1911, le maître de poste, Edmond Chabot, demande au ministre des postes de changer le nom pour Saint-Edmond. Le ministre refuse et décide lui-même que le nouveau nom sera «Ferland», le nom d’un grand historien canadien-français, l’abbé Jean-Baptiste Ferland. La commu-nauté est ainsi baptisée le 1er juillet 1911.

Les résidants de Ferland ne sont pas encore heureux du nouveau nom de leur bureau de poste. En novembre 1911, ils suggèrent le nom de Chabotville. Non! dit le ministre. Sainte-Marie-des-Prairies? Le ministre fait la sourde oreille. Le nom de la communauté restera Ferland.

Église! Bureau de poste! On ouvre des écoles de campagne ou on envoie les enfants en pension au couvent de Ponteix.

Bien que l’abbé Bois s’évertue à apprendre l’anglais et l’allemand pour desservir les colons non francophones, il y a de plus en plus de colons français et canadiens-français dans la région.

Pendant que les familles Fournier, Chabot et Fauchon se réservent du terrain à Ferland en 1909, un autre groupe d’hommes se rend dans l’Ouest pour faire les moissons. Ce groupe, qui comprend Joseph Nogue, Henri Montpetit, Zénophile, Georges et Armand Massé, et Henri Séguin, est engagé pour faire les battages dans la région de Belle Plaine à l’ouest de Regina.

Comme le premier groupe, ils se rendent à Moose Jaw et prennent chacun un homestead. «Désirant s’établir près d’un cours d’eau, ils optèrent pour des terres près de Rivière des Bois au sud de ce qui est McCord aujourd’hui.»(19) Le bureau de poste dans la région qu’ils ont choisie est nommé Gravesborough, à cause d’un colon nommé Graves, mais à la demande de l’abbé Pierre-Elzéar Gravel, fondateur de Gravelbourg, le nom est changé à Milly, lieu d’origine en France du poète français Lamartine.

La première église de la paroisse Notre-Dame de Lourdes à Meyronne
Photo: Noëlla Girardin
La première église de la paroisse Notre-Dame de Lourdes à Meyronne en 1912. Entre 1910 et 1917, les pionniers de Ferland se rendaient souvent à la messe à Meyronne. Sur cette photo, on aperçoit les suivants: 1) l?abbé Jules Bois, 2) Napoléon Couture, 3) Edmond Chabot et 4) Joseph Chabot.


L’abbé Bois établit la mission Saint-Joseph de Milly à cet endroit mais en 1928, lorsque le Canadien Pacifique décide de construire une ligne secondaire à quelques kilomètres au nord. Un nouveau village, McCord, est fondé près de la ligne ferroviaire et les gens de Milly demandent que leur église soit déménagée dans ce village. Puisque Milly et McCord se trouvent à mi-chemin entre Glentworth et Ferland, l’évêque du nouveau diocèse de Gravelbourg refuse cette demande et Milly cesse d’exister.

Les gens de Ferland se trouvent dans la même situation lorsque le Canadien Pacifique construit une ligne secondaire dans la région. «Les édifices

l?église St-Jean-Baptiste de Ferland et le presbytère sont déménagés
Photo: Noëlla Girardin
Au mois de juillet 1929, sous la direction de M. Lalonde de Ponteix, l?église St-Jean-Baptiste de Ferland et le presbytère sont déménagés au nord du nouveau village, environ 7 milles au sud-est du premier emplacement.


paroissiaux furent transportés, sur une distance de sept milles, à leur nouveau site en 1929.»20 Un nouveau village prend alors forme à environ 10 kilomètres au sud-est de l’emplacement original sur le terrain de W.J. Peel, le NE-1-6-8-W3, juste au nord du carreau de Joseph Fournier.

Notes et références

(1) Adrien Chabot, abbé. — «Aperçu historique de Ferland, Sask». — Gravelbourg: Cinquante ans de Ferland, Sask., 1910-1960. — p. 7
(2) Mme Léophile Chabot de Willow Bunch. — Entretiens avec Claudette Gendron. — Regina: Archives de la Saskatchewan. (Dans cette entrevue, Mme Chabot, la fille de Joseph Fournier, raconte que son père est venu en Saskatchewan en 1908, puis à nouveau en 1909, date à laquelle il a pris son homestead.)
(3) Adrien Chabot, abbé. — «Aperçu Historique de Ferland, Sask.», p. 7.
(4) Ibid., p. 7
(5) Ibid., p. 7
(6) Ibid., p .7
(7) Ibid., p. 7
(8) Entrevue avec Mme Zépherine Thibault de Ponteix [enregistrement vidéo]. — Réalisation, Odette Carignan. — [Regina]: ACFC, Projet Zoom, 1980. — Document conservé aux Archives de la Saskatchewan
(9) Ibid.
(10) Mme Léophile Chabot de Willow Bunch. — Entretiens avec Claudette Gendron
(11) Joseph Fournier avait quatre fils qu’il allait installer sur des fermes en Saskatchewan, tandis qu’Edmond Chabot en avait six.
(12) Entrevue avec Mme Zépherine Thibault de Ponteix [enregistrement vidéo]. — Réalisation, Odette Carignan
(13) Ibid.
(14) Adrien Chabot, abbé. — «Aperçu historique de Ferland, Sask.», p. 9.
(15) Croquis historiques des paroisses du diocèse de Gravelbourg, Sask., à l’occasion de son Jubilé d’Argent: 1930-1955. — Gravelbourg: Diocèse de Gravelbourg, 1955, p. 77.
(16) Adrien Chabot, abbé. — «Aperçu historique de Ferland, Sask.», p. 8.
(17) Ibid., p. 27.
(18) Ibid., p. 17.
(19) Ibid., p. 13.
(20) Croquis historiques des paroisses du diocèse de Gravelbourg, Sask., à l’occasion de son Jubilé d’Argent: 1930-1955, p. 28.

Nous tenons à remercier très sincèrement madame Noëlla Girardin de Gravelbourg qui a bien voulu nous prêter sa collection de photos et aussi repasser attentivement le texte pour en assurer l'authenticité.





 
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