Des histoiresExcusez-la!Une sécheresse prolongée, les tempêtes de poussière, les nuées de sauterelles, les épidémies de rouille du blé et un long cycle de mévente des grains ont marqué les années 1930. Cette décennie porte d'ailleurs en anglais l'appellation évocatrice de Dirty Thirties, la décennie noire. Durant l'hiver qui suivit la désastreuse récolte de 1929, plusieurs agriculteurs et ranchers des districts les plus durement touchés – Willow-Bunch et Lampman en particulier – prirent la décision de se réserver une terre dans une région mieux arrosée. Justement, en mai 1927, le gouvernement avait ouvert à la prise de homesteads tout le terrain situé au nord de la Big River, à environ 150 kilomètres au nord-ouest de Saskatoon. Quelques familles s'y étaient installées cet été-là. Le district avait reçu le nom de Léoville, en l'honneur d'un des premiers pionniers de l'endroit, M. Léo Charpentier, devenu Carpenter après une génération au Minnesota. Arthur Poulin et son épouse Gabrielle arrivèrent de Saint-Denis en 1928. Georges Poulin, son frère, se réserva un homestead quelques années plus tard. Les Poulin avaient la réputation de posséder les plus belles voix de tout le canton; Georges fut d'ailleurs longtemps maître-chantre à l'église. Quant à Arthur, il avait un talent particulier, celui d'écrire une chanson de circonstance, paroles et musique, sur l'inspiration du moment. Une de ses chansons raconte les mésaventures d'une équipe de battage durant les années 1930: «Dès la première année que j'me suis marié J'ai battu au moulin mais y a mouillé tout l'temps La machine était toujours cassée, les jeunes n'valaient plus rien Le séparateur était tout cassé, les passes toutes défoncées Refrain: Pauvre Alphonse, tout démonté de voir son agrès tout cassé Y allait passer tout un été à se promener Avec son gros moulin, son gros engin dans l'chemin Il avait pour ingénieur le vieux Baptiste Bussière Pour faire marcher l'moulin, l'moulin qui n'valait rien Son Charlot qui charriait l'eau, avec le team le plus gros Théophile qu'était l'pitcheur; c'est lui qui était l'meilleur Refrain Il a battu son plus proche voisin qui était Sage Fournier Pour avoir proprement tout l'grain qui avait d'dans, Il a battu trois ou quatre minots de blé, Cinq ou six minots d'avoine, la moitié d'un siau de pois Ça lui a pris l'automne pour tout faire ça... Refrain Pauvre Alphonse, tout démonté de voir son agrès tout cassé Il a passé tout l'été à se promener dans l'chemin Avec son gros moulin, son gros moulin (Excusez-la; c'est Tuture qui a composé ça...)» (Tiré de After the Dust: History of Leoville and Community, Leoville Historic Committee, North Battleford, 1979, pp. 27-28) |
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