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Élections

On dit souvent que c'est en Saskatchewan que les élections sont le plus chaudement contestées. Il est vrai que la politique y intéresse l'immense majorité de la population; cet intérêt ne date pas d'hier et il prend quelquefois une forme à la fois naïve et délicieusement cocasse. Ainsi, il y a un siècle, un Métis de Saint-Laurent, Charles-Eugène Boucher, composait une chanson ridiculisant les efforts des libéraux pour remporter le siège de la Saskatchewan aux élections fédérales de février et mars 1887.

M. Boucher, lui-même plus tard député à l'Assemblée territoriale, raconte la tournée d'un certain Campeau en faveur du candidat libéral:

Une chanson composée du temps des élections,
Pour un nommé Campeau qu'est venu par che' nous,
Mon faluré dondaine, ohé! faluré dondé.

Pour un nommé Campeau qu'est venu par che' nous,
Parti du Canada pour v'nir faire du dégât,
Mon faluré...

Parti du Canada pour v'nir faire du dégât,
Arrivant en campagne est allé voir Champagne,
Mon faluré...

Arrivant en campagne est allé voir Champagne,
Bonjour Monsieur Champagne, comment va la campagne?
Mon faluré...

Bonjour Monsieur Champagne, comment va la campagne?
Bonjour Monsieur Campeau, nous sommes pas trop hauts,
Mon faluré...

Bonjour Monsieur Campeau, nous sommes pas trop hauts,
Pour se monter plus haut, i' faut faire un effort,
Mon faluré...

Pour se monter plus haut, i' faut faire un effort,
Campeau qu'a le nez rond a fallu voir Caron,
Mon faluré...

Campeau qu'a le nez rond a fallu voir Caron,
Bonjour Monsieur Caron, allons chez Montour,
Mon faluré...

Bonjour Monsieur Caron, allons chez Montour,
En s'en allant par là, rencont'e Michel Dumas,
Mon faluré...

En s'en allant par là, rencont'e Michel Dumas,
Tiens te voilà Campeau avec ta face de crapaud,
Mon faluré...

Tiens te voilà Campeau avec ta face de crapaud,
Oh! Le quinze de mars, vous ferez la grimace,
Mon faluré...

Oh! Le quinze de mars, vous ferez la grimace,
Vot'e libéral Laird se f'ra casser le cou,
Mon faluré...

Votre libéral Laird se f'ra casser le cou,
Nous aut's conservateurs, nous crierons tout haut,
Mon faluré...

Les lignes sont bien tracées. Du côté libéral, ce fameux Campeau (dont on ne sait à peu près rien), avec Champagne, marchand ayant participé activement au soulèvement de Batoche, Caron et Montour, deux Métis qui n'avaient pas reçu d'indemnisation pour les pertes subies durant ce même soulèvement et qui en voulaient au gouvernement conservateur d'Ottawa; du côté conservateur, Michel Dumas, fermier instructeur sur une réserve indienne et l'auteur, Charles-Eugène Boucher. Ces derniers eurent gain de cause, car ce fut le conservateur Day Hort Macdowall qui fut élu.

(chanson recueillie par Richard Johnston, indications supplémentaires de Marie-Louise Perron, Archives de la Saskatchewan)

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