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Des mots

Écrant

Récemment, un reportage à Radio-Canada nous annonçait qu'il y a, tout d'un coup, beaucoup d'intérêt pour le théâtre en Saskatchewan. Cette vérité s'est révélée à la classe journalistique de Radio-Canada lors des deux festivals de théâtre à Saskatoon au mois de mars.

Toutefois, pour les communs des mortels, pour les amateurs de théâtre dans la communauté fransaskoise, cette annonce n'était pas une surprise, puisqu'ils ont eu la chance d'assister au renouveau dramatique dans leur région depuis 1987.

Non seulement la communauté fransaskoise s'est-elle dotée d'une troupe à vocation professionnelle (théâtre dans les écoles), mais elle a aussi vu la naissance de nombreuses troupes scolaires et communautaires.

L'automne 1991 verra la naissance d'une nouvelle compagnie de théâtre communautaire, cette fois-ci à St-Louis. Eh oui, dans le bassin de la terre des Lépine, Boucher et Schmidt (trois des familles historiques de St-Louis) naîtra La Troupe de l'Écrant.

Avant de produire leur premier show, les gens de St-Louis voulaient quand même s'assurer du sens du mot écrant.

Pour la plupart d'entre eux, le mot écrant est un souvenir d'un temps passé quand ils étaient jeunes et qu'ils avaient le temps d'aller jouer près de la rivière. Par un beau samedi matin de printemps, ils enfilaient leurs bottes de «rubber», leur manteau et leur tuque et essayaient de sortir de la maison sans éveiller le moindre soupçon chez leur mère.

– Ti-Joe! Marguerite! Pitou! Vous vous en allez où?

Comme d'habitude, les deux gars ne savaient pas quoi répondre et c'est à Marguerite que revenait la tâche d'expliquer à leur mère:

– Bien, tu sais, maman, commençait-elle, nous nous en allions... dehors.

– Où, dehors! reprenait la mère.

– Ah... j'sais pas...

– Écoutez les enfants. Allez. Amusez-vous. Mais restez loin de l'écrant de la rivière.

– Ah, voyons maman! s'écriait Ti-Joe.

– Ti-Joe...

– Oui, oui, maman. Je l'sais.

Lorsque la mère parlait de l'écrant de la rivière, elle voulait bien sûr dire la falaise, l'escarpé de la rivière. J'ai réussi à trouver le terme écrant dans un seul dictionnaire, celui de Léandre Bergeron et il ne nous donne aucun indice de l'origine du terme.

Selon Bergeron, «écrant, adj. invar. Escarpé. Écore.»

«Écore: n.f. Accore. Rive escarpée d'une rivière. À pleine écore. Plein son lit (en parlant d'une rivière).»

S'ils ne pouvaient pas aller jouer sur l'écrant de la rivière, en valait-il la peine d'aller dehors. Mais ils sont déjà parés; les bottes de «rubber» ont été enfilées et la boue les attend.

Dans ce cas-ci, il est facile de répérer l'origine du verbe parer. Dans le dictionnaire Larousse de l'ancien français, on trouve la définition suivante: «parer v. (80, latin parare, préparer) 1. préparer 2. orner 3. apprêter.»

Dans le roman «Marie-Didace» de Germaine Guèvremont, page 198, on peut lire: «Va dire à pé-père que le manger est paré à dresser.»

Mais revenons à notre histoire de St-Louis. Les jeunes sont parés à sortir, mais la mère leur interdit d'aller jouer sur l'écrant de la rivière. Que faire? Dorénavant, ils pourront se rendre à la Troupe de l'écrant pour jouer dans une bonne pièce de théâtre.





 
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