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Des lieux

Dumas et High View

Le cercle de St-Hubert a tenu le 21 novembre sa réunion mensuelle. Nous nous étions préparés pour recevoir aussi dignement que possible M. le curé de Dumas qui devaient nous donner une conférence et plusieurs délégués de Marieval qui avaient promis de nous honorer de leur visite.

Le Patriote de l'Ouest
le 2 décembre 1915
Nombreux villages fondés par des francophones au début du siècle ne figurent plus sur aucune cartes routières de la Saskatchewan. Ils sont disparus, n'ayant laissé derrière que de nombreux bons souvenirs. La première grande guerre mondiale, la crise des années 30, la création de grandes unités scolaires durant les années 50 ou l'abandon de lignes ferroviaires secondaires durant les années 60 sont généralement la cause de la disparition de ces petits enclos francophones. C'est le cas de Dumas et High View.

Nombreux villages fondés par des francophones au début du siècle ne figurent plus sur aucune cartes routières de la Saskatchewan. Ils sont disparus, n'ayant laissé derrière que de nombreux bons souvenirs. La première grande guerre mondiale, la crise des années 30, la création de grandes unités scolaires durant les années 50 ou l'abandon de lignes ferroviaires secondaires durant les années 60 sont généralement la cause de la disparition de ces petits enclos francophones.

Au tout début du siècle, le clergé catholique de l'Ouest canadien a essayé, par bien des moyens, d'attirer de nombreux colons de langue française vers la Saskatchewan. Entre Whitewood, ancien tremplin des comtes Français de la Rolanderie, et la région de Cantal, Bellegarde et Wauchope, lieu de colonisation de l'abbé Gaire, deux petites communautés francophones ont vu le jour au début du siècle. Mais si on cherche pour ces deux villages sur une carte routière de la Saskatchewan, elles brillent par leur absence. Il s'agit de Dumas et de High View.

Peu semble avoir été écrit au sujet de Dumas. On sait que le village avait été nommé en honneur d'Alexandre Dumas, le grand auteur français du XIXe siècle. Dans le livre d'histoire de Wawota, situé quelques kilomètres à l'est de Dumas, Peter Charles a écrit: «La paroisse de Dumas date d'environ 1901 et était l'effort de l'abbé Guière d'emmener des colons catholiques de la France et du Québec vers cette région.»(1) L'abbé Guière était sans doute l'abbé Jean-Isidore Gaire, missionnaire-colonisateur et curé de Wauchope.

Donatien Frémont, dans son livre Les Français dans l'Ouest canadien, fait remarqué que plusieurs Français s'étaient établis à Dumas au début du siècle. «À Dumas, le groupement le plus proche qui est doté d'un commencement de village, il y a d'autres Français avec lesquels voisinent ceux de High View. Le premier curé à demeurer a été l'abbé Henri Pannetier. Son successeur sera un autre compatriote, le P. J. Barreau, des Pères de Chavagnes de Saint-Hubert. François Bernuy, un notable de l'endroit, ira bientôt prendre la suite du négoce de Maurice Quennelle à Wauchope. Claude Denis tient un “magasin général”; il quittera ce champ d'action trop modeste pour se lancer dans le commerce des ornements sacerdotaux et des objets de piété à Winnipeg, puis à Montréal, avant d'aller finir ses jours à Lyon.»(2)

Entre 1901 et 1908, ce sont les pères de la mission de Saint-Hubert, quelques kilomètres au nord, qui ont desservi la petite paroisse catholique de Dumas. La paroisse de Dumas avait été placée sous le vocable de Notre-Dame de la Pitié et une église a été construite en 1907-1908. L'église a fermé ses portes pour la dernière fois en 1967. Le chemin de fer est arrivé à Dumas en 1906 et la présence d'une gare a mené à une croissance rapide du village. Le district scolaire de Dumas a vu le jour en 1916 et l'école a existé jusqu'en 1962.

Parmi les francophones qui ont vécu à Dumas, il a été possible de repérer les noms suivants: Tanguay, Beauchesne, Filteau, Gautron, Bourhis, Giroux, Dauphinais, Charles, Cruywells, Blaise, Loiselle, Benoît, Dumont, Loire, LeGault, Deschamps, Boulet, Richot, Zebière. Bourgon, Savory, Deneve, Jacques, Lamontagne, Gariepy, Thiry, Bourgon, Bleich, Grenon, Denis, Renauld, Thetrault et Range.

En 1932, un incendie détruit plusieurs commerces du village. Il s'agissait du magasin général et du bureau de poste d'Alex Boulet, le magasin de la compagnie International Harvester, géré par Nap. Filteau, le magasin général de Léon Theury et la maison de Camille Gariepy. Mais, c'est l'abandon de la ligne ferroviaire, en 1961, qui signale la mort du village de Dumas. Aujourd'hui, il ne reste plus rien pour indiquer que ce village bourdonnait autrefois d'activités.

Si l'on voyage environ dix kilomètres au sud de Dumas, on arrive à High View, une région peuplée en 1907 par des Français. La colonie de High View, située sur l'ancien ranch de moutons du vicomte de Seyssel, était le bébé du docteur A. Nové-Josserand, un médecin de Tarare (Rhône), France, qui avait conçu l'idée d'une société française de colonisation semblable à celle fondée une quinzaine d'années auparavant par Pierre Foursin qui avait mené à la fondation de Montmartre.

Nové-Josserand a fondé la Société Immobilière des Fermes canadiennes et il est arrivé à High View en 1907 avec plusieurs compagnons Français: Antoine Picot, Brinon, Claude Denis et autres pour s'y installer. «La Société Immobilière des Fermes canadiennes, envisagée par le docteur, devait soutenir le nouveau centre agricole et consentir des prêts aux colons français de la région.»(3)

Cette année-là, Nové-Josserand a établi le ranch Forest-Hill en société avec Antoine Picot et Bernard de Witte. Le ranch allait éventuellement compter 120 chevaux et plus de 300 bêtes à cornes.

D'autres Français ont pris avantage des prêts de la Société Immobilière des Fermes canadiennes et se sont établis dans la région: Louis et Guérin de Longevialle, Denis Démians et Charles Cousin, dont la famille était fixée à Wauchope, ont été parmi ceux qui ont pris des terres à High View. «La colonie de High View progressait de manière très encourageante. D'année en année, les troupeaux augmentaient et les champs s'élargissaient. Mais vint la guerre...»(4)

La plupart des colons Français de High View étaient des anciens officiers; il était alors important pour eux de regagner le pays en 1914 pour aider à la défense de la France. Plusieurs ont perdu la vie aux champs de bataille: Gontrain de Witte, Bourmont, Louis de Longevialle, Denis Démians et Joseph Herbert. D'autres comme Charles Cousin et Victor Bernuy sont morts de la grippe espagnole à leur retour de l'Allemagne.

Lorsque le docteur Nové-Josserand revient à High View à la fin de la guerre, sa petite colonie n'était plus la même. Bientôt, le docteur a procédé à l'amalgamation de la Société Immobilière des Fermes canadiennes avec la Compagnie Foncière du Manitoba. «Ce fut la dislocation générale du groupe. L'un des associés du fondateur, Bernard de Witte, après avoir séjourné quelque temps à Winnipegosis, pour liquider le ranch, repassa en France... L'autre associé, Antoine Picot, alla passer ses jours à Lyon.»(5) En ce qui concerne le docteur Nové-Josserand, il a repris la pratique de la médecine en 1922 à Montréal.

Comme a été le cas dans les autres tentatives d'implanter une colonie française en Saskatchewan, à Whitewood et à Montmartre par exemple, High View a été un échec. Par contre, pour résumer la déconfiture de la colonie de High View, Donatien Frémont a écrit: «L'expérience de High View démontre que convenablement encadrés et discrètement surveillés, la plupart des fils de famille venus de France eussent pu devenir d'excellents colons. Si la guerre mit fin à la carrière d'un grand nombre, c'est que leur patrie n'eut pas de plus vaillants soldats.»(6)

La colonie de High View, fondée par le docteur Nové-Josserand et ses associés de la Société Immobilière des Fermes canadiennes a existé pendant seulement sept ans, de 1907 à 1914, mais selon le docteur Nové-Josserand, elles ont été les plus belles années de sa vie.


Si l'on voyage environ dix kilomètres au sud de Dumas, on arrive à High View, une région peuplée en 1907 par des Français. La colonie de High View, située sur l'ancien ranch de moutons du vicomte de Seyssel, était le bébé du docteur A. Nové-Josserand, un médecin de Tarare (Rhône), France, qui avait conçu l'idée d'une société française de colonisation semblable à celle fondée une quinzaine d'années auparavant par Pierre Foursin qui avait mené à la fondation de Montmartre.

Nové-Josserand a fondé la Société Immobilière des Fermes canadiennes et il est arrivé à High View en 1907 avec plusieurs compagnons Français: Antoine Picot, Brinon, Claude Denis et autres pour s'y installer. «La Société Immobilière des Fermes canadiennes, envisagée par le docteur, devait soutenir le nouveau centre agricole et consentir des prêts aux colons français de la région.»(7)

Cette année-là, Nové-Josserand a établi le ranch Forest-Hill en société avec Antoine Picot et Bernard de Witte. Le ranch allait éventuellement compter 120 chevaux et plus de 300 bêtes à cornes.

D'autres Français ont pris avantage des prêts de la Société Immobilière des Fermes canadiennes et se sont établis dans la région: Louis et Guérin de Longevialle, Denis Démians et Charles Cousin, dont la famille était fixée à Wauchope, ont été parmi ceux qui ont pris des terres à High View. «La colonie de High View progressait de manière très encourageante. D'année en année, les troupeaux augmentaient et les champs s'élargissaient. Mais vint la guerre...»(8)

La plupart des colons Français de High View étaient des anciens officiers; il était alors important pour eux de regagner le pays en 1914 pour aider à la défense de la France. Plusieurs ont perdu la vie aux champs de bataille: Gontrain de Witte, Bourmont, Louis de Longevialle, Denis Démians et Joseph Herbert. D'autres comme Charles Cousin et Victor Bernuy sont morts de la grippe espagnole à leur retour de l'Allemagne.

Lorsque le docteur Nové-Josserand revient à High View à la fin de la guerre, sa petite colonie n'était plus la même. Bientôt, le docteur a procédé à l'amalgamation de la Société Immobilière des Fermes canadiennes avec la Compagnie Foncière du Manitoba. «Ce fut la dislocation générale du groupe. L'un des associés du fondateur, Bernard de Witte, après avoir séjourné quelque temps à Winnipegosis, pour liquider le ranch, repassa en France... L'autre associé, Antoine Picot, alla passer ses jours à Lyon.»(9) En ce qui concerne le docteur Nové-Josserand, il a repris la pratique de la médecine en 1922 à Montréal.

Comme a été le cas dans les autres tentatives d'implanter une colonie française en Saskatchewan, à Whitewood et à Montmartre par exemple, High View a été un échec. Par contre, pour résumer la déconfiture de la colonie de High View, Donatien Frémont a écrit: «L'expérience de High View démontre que convenablement encadrés et discrètement surveillés, la plupart des fils de famille venus de France eussent pu devenir d'excellents colons. Si la guerre mit fin à la carrière d'un grand nombre, c'est que leur patrie n'eut pas de plus vaillants soldats.»(10)

La colonie de High View, fondée par le docteur Nové-Josserand et ses associés de la Société Immobilière des Fermes canadiennes a existé pendant seulement sept ans, de 1907 à 1914, mais selon le docteur Nové-Josserand, elles ont été les plus belles années de sa vie.

Références

(1) Wawota & District History Book Committee, A Flight Through Time, Wawota & District History, Volume 1, Wawota: Wawota & District History Book Committee, 1994, p. 488. (Traduction)
(2) Frémont, Donatien, Les Français dans l'Ouest canadien, Saint-Boniface: Les Éditions du blé, 1980, p. 101.
(3) Frémont, Donatien, Les Français dans l'Ouest canadien, Saint-Boniface: Les Éditions du blé, 1980, p. 101.
(4) Ibid., p. 102.
(5) Ibid., p. 102.
(6) Ibid., p. 103.

(7) Frémont, Donatien, Les Français dans l'Ouest canadien, Saint-Boniface: Les Éditions du blé, 1980, p. 101.
(8) Ibid., p. 102.
(9) Ibid., p. 102.
(10) Ibid., p. 103.

Sources

Frémont, Donatien, Les Français dans l'Ouest canadien, Saint-Boniface: Les Éditions du blé, 1980.
Wawota & District History Book Committee, A Flight Through Time, Wawota & District History, Volume 1, Wawota: Wawota & District History Book Committee, 1994.





 
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