Des lieuxDomrémyLa retraite à Domrémy: La retraite prêchée à Domrémy par le R.P. Croisiez, O.M.I., a été couronnée d'un consolant succès. Matin et soir l'église était comble et sauf 7 ou 8 personnes tous ont communié au moins deux fois. Domrémy est aujourd'hui une paroisse où règne la paix et le bonheur, et les nouveaux colons qui nous arriveront nombreux seront bien chez eux dans l'un des plus beaux centres français de la Saskatchewan. Le Patriote de l'Ouest le 26 juin 1913 Domrémy a été fondé par des colons français à la fin du XIXe siècle, mais il semble exister plusieurs versions des débuts du village. Dans son histoire du diocèse de Prince Albert, Solange Lavigne écrit: «Dès leur arrivée de France vers les années 1893, la préoccupation des premiers colons de Domrémy fut d'établir une paroisse et d'y bâtir une église.»(1) Pour sa part, Jean Lionnet, un Français venu explorer l'Ouest canadien en 1906 dans le but d'encourager d'autres Français à immigrer au Canada, avait ceci à dire au sujet de Domrémy: «Domrémy fut fondé en 1894 par Bodard, sans doute, l'agent dont j'ai parlé déjà - je ne puis avoir que des renseignements vagues sur un passé si lointain - baptisa ainsi la nouvelle paroisse, qui compte aujourd'hui vingt-trois familles françaises.»(2) Si les renseignements étaient déjà vagues en 1906, ils sont devenus de plus en plus embrouillés depuis. Auguste Bodard occupait le poste de secrétaire général de la Société d'Immigration Française, dont le but était de recruter des colons français pour les Territoires du Nord-Ouest, lorsqu'il est nommé, en 1892, au poste d'agent officiel d'immigration en France par le gouvernement canadien. «C'est ainsi qu'entre mars et juin 1897, il recruta 188 immigrants, dont 35 s'installèrent à Duck Lake, 30 à Prince Albert et 6 à Saint-Laurent. Domrémy et Vaucouleurs sont deux villages du nord de la Saskatchewan qui lui doivent leurs débuts.»(3) Bien sûr, il est tout à fait possible que certains colons recrutés par Auguste Bodard soient arrivés à Domrémy en 1893 ou 1894. Par contre, un historique de Domrémy publié dans le cahier souvenir du Jubilé d'or de l'A.C.F.C. en 1962 nous révèle que les premiers venus étaient de l'Est du pays et non pas de la France. «En donnant ce bref historique de la Paroisse de Domrémy, nous apprenons que les premières familles de colons nous arrivèrent de l'Est du Canada en 1892, trois ans avant le début de la mission en 1895... Parmi eux nous comptons les familles: Achille Godin, Joseph et Théodore Baribeau, Borromée Duval, Roland Frigon et Fridolin Abel, toutes originaires de Ste-Anne-de-la-Pérade et de Ste-Geneviève-de-Batiscan, P.Q., et des environs.»(4) Selon ce même historique, les familles françaises commencent à arriver vers 1895. «Durant 1895 et les années suivantes, plusieurs familles nous arrivèrent de France, surtout de la Bretagne. Ce furent entre autres les familles: Marsollier, Agaësse, Rabut, Joubert, Blondeau, Ancey, Coûteau, Revoy, Guillet, Baudais, Trumier, Georget, Legault, etc.... Et c'est grâce à ces familles françaises que le nom 'Domrémy' fut donné au district et la patronne 'Sainte Jeanne d'Arc' à la paroisse naissante.»(5) Une mission, visitée de temps à autre par des missionnaires, avait été établie dès l'arrivée des colons en 1892 ou 1893. «On fonda d'abord une mission à laquelle on donna le nom de Ste-Jeanne d'Arc en souvenir du doux pays de France.»(6) Le premier curé résident est l'abbé Berthelot, un Français, mais il ne demeure qu'un an à Domrémy. Avant son départ, il fait bâtir une chapelle en bois équarri. Entre 1896 et 1902, la paroisse est desservie de Saint-Louis par l'abbé Pierre Barbier. En 1902, ce même abbé Barbier est nommé curé de la paroisse Sainte-Jeanne d'Arc. Au tout début, Domrémy était situé deux milles au nord du site actuel. Lorsque Jean Lionnet visite la région en 1906, il n'y a pas de village. «Des maisons isolées dans la campagne sans doute, maisons qu'à cette heure je ne puis même deviner.»(7) C'est au Sénateur T.O. Davis qu'on doit le déménagement de Domrémy. «En 1915, Hoey était situé sur la ligne du 'Grand Trunk Pacific' (le Grand Tronc). D'après le tracé de la ligne de ce chemin de fer, le village n'aurait jamais dû exister. Domrémy devait être à deux milles plus au nord que son site actuel, à la jonction des routes de la ferme d'Albert Kush. Le Sénateur Davis de Prince Albert avait obtenu la concession des 'townsites' le long de la voie ferrée et ne pouvant s'entendre avec un nommé Duval et sans doute avec Kush et Marsolliers pour le prix du terrain, il acheta le site actuel du village de Domrémy à deux milles plus au sud.»(8) Bientôt, il faudrait déménager l'église et l'école pour être près de la nouvelle gare. Lorsque le Grand Tronc Pacifique bâtit une ligne de chemin de fer dans la région en 1915, la paroisse de Domrémy doit être déménagée deux milles au sud de son emplacement original. «'C'est le sénateur Davis qui est le seul responsable de cet emplacement,' nous affirme un brave pionnier de Domrémy, 'car c'est lui qui a arpenté l'emplacement des villages le long de la voie ferrée. On n'a pas eu de choix. Il a fallu prendre ce qui nous était offert.'»(9) Mais, comme dans bien d'autres endroits, le curé n'est pas pressé à déménager son église. En 1915, l'abbé Antoine Perrault a remplacé l'abbé L. Perronet, qui lui avait remplacé l'abbé Pierre Barbier comme curé de Domrémy en 1910. L'abbé Perrault refuse de déménager sa chapelle au nouvel emplacement durant son séjour de trois ans à Domrémy. Il est, bien sûr, le dernier curé de la vieille mission. «En 1918, l'abbé J.A. Larochelle devint pasteur de la paroisse de Ste-Jeanne-d'Arc. Puisque le village était maintenant très loin de l'église, l'abbé Larochelle crut bon, en 1919, de faire bâtir une église nouvelle au centre du nouveau village de Domrémy.»(10) La décision de l'abbé Perrault de demeurer à l'ancien emplacement jusqu'en 1918 coûte cher à la petite communauté francophone. En 1903, les colons dans la région de l'église avaient fait demande auprès du ministère de l'Éducation pour établir un district scolaire public; l'abbé Pierre Barbier avait même offert de prêter son presbytère en attendant la construction d'une école. Le curé avait aussi demandé à l'évêque de Prince Albert d'envoyer les Filles de la Providence pour enseigner à l'école de Domrémy. «Le 31 décembre 1903, trois religieuses étaient arrivées et on leur avait donné pour vivre une cabane primitive en bois rond, 18 par 20, avec un toit de chaume.»(11) Soeur St-Sylvestre est la première institutrice de l'école du district scolaire de Domrémy No. 398. Elle y reste jusqu'en 1915. Mais lorsque le village commence à déménager au nouvel emplacement, les religieuses décident de quitter Domrémy. «Les Filles de la Providence voyant à regret leurs élèves déménager décidèrent en 1914, de quitter leur petite école après 12 ans d'existence.»(12) L'absence des religieuses crée un vide dans la paroisse et en 1928, le nouveau curé de Domrémy, l'abbé André Louison, demande aux Filles de la Providence de revenir prendre l'enseignement à l'école du village. «C'est à ce moment que les religieuses reprirent leur oeuvre d'enseignement et bâtirent un couvent au centre du village. Cette fois les Soeurs demeurèrent à Domrémy jusqu'en 1979.»(13) Domrémy fut une des premières paroisses, avec Hoey et Saint-Louis, à se rallier à Raymond Denis pour la mise sur pied des Concours de français de l'ACFC. «Les religieuses de St-Louis, M.J.C. Faucoup, et les familles Georget, Lavertu, François Béland, Pierre-Marie Marsollier, Oulette, Mareschal, Albert Barre de Domrémy collaborèrent étroitement avec les organisateurs du concours, en tête desquels se trouvait toujours M. Raymond Denis qui s'est débattu comme un lion pour la cause française dans l'Ouest.»(14) M. J.C. Faucoup serait instituteur à l'école Sainte-Thérèse de 1934 à 1945. Un autre Français convaincu et instituteur à l'école de Domrémy était Alphonse Picton. Aucune histoire de Domrémy ne serait complète sans mentionner la triste histoire de l'école Éthier. La majorité des colons du district scolaire Éthier ne parlaient que le français et il n'est donc pas surprenant que les contribuables tenaient au français dans leur école. Au début des années 1920, un seul contribuable est anglophone dans tout le district, un certain William Mackie. Il obtient l'appui de deux Canadiens français, Adélard Éthier et Omer Houle et les trois se plaignent que l'enseignante, Marie-Annette Houle, enseigne trop de français à l'école. Ne recevant justice du ministère de l'Instruction publique, ils déposent une plainte formelle contre les commissaires, Rémi Éthier et Léger Boutin, devant un juge de paix de Wakaw. Le 11 février 1922, les deux accusés sont trouvés coupables d'avoir permis l'usage du français comme langue d'instruction. Ils sont condamnés à 15 $ d'amende chacun et aux dépens. Les deux accusés font appel au jugement et l'avocat John G. Diefenbaker devient leur l'avocat. Grâce à Diefenbaker, les deux sont éventuellement acquittés.(15) Référence (1) Lavigne, Solange, Kaleidoscope, Many Cultures - One Faith, The Roman Catholic Diocese of Prince Albert, 1891- 1991, Prince Albert: Diocèse de Prince Albert, 1990. p. 200. (2) Lionnet, Jean, «Pages à relire - Souvenirs d'un Voyage dans l'Ouest en 1906», Patriote de l'Ouest, le 14 décembre 1911. (Extrait du livre Chez les Français du Canada, Paris, 1908.) (3) Lapointe, Richard et Tessier, Lucille, Histoire des Franco-Canadiens de la Saskatchewan, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1986. p. 64. (4) Album souvenir, A.C.F.C., Jubilé d'or 1912-1962, p. 43. (5) Ibid. p. 43. (6) Lavigne, Solange, Op. cit. p. 200. (7) Lionnet, Jean, Op. cit.. (8) Motut, Jean-Amédée, «Hoey, Saskatchewan, 1915-1938», Revue historique, Volume 3, Numéro 2, Janvier 1993. p. 1. (9) Lavigne, Solange, Kaleidoscope, Many Cultures - One Faith, The Roman Catholic Diocese of Prince Albert, 1891- 1991, Prince Albert: Diocèse de Prince Albert, 1990. p. 200. (10) Ibid. p. 201. (11) Domrémy School Reunion, Our Schools and Their Histories, Domrémy: Domrémy School Reunion, 1986, p. 3. (12) Lavigne, Solange, Op. cit., p. 201. (13) Ibid., p. 201. (14) Album souvenir, A.C.F.C., Jubilé d'or 1912-1962, p. 46. (15) Gareau, Laurier, «Les crises scolaires à l'école Éthier et à l'école Moose Pond», Revue historique, Volume 2, No 3, Mars 1992, p. 7. Sources Un bout d'histoire... 92 et 93 Album souvenir, A.C.F.C., Jubilé d'or 1912-1962. Lapointe, Richard et Tessier, Lucille, Histoire des Franco-Canadiens de la Saskatchewan, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1986. Lavigne, Solange, Kaleidoscope, Many Cultures - One Faith, The Roman Catholic Diocese of Prince Albert, 1891- 1991, Prince Albert: Diocèse de Prince Albert, 1990. Lionnet, Jean, «Pages à relire - Souvenirs d'un Voyage dans l'Ouest en 1906», Patriote de l'Ouest, le 14 décembre 1911. (Extrait du livre Chez les Français du Canada, Paris, 1908.) Motut, Jean-Amédée, «Hoey, Saskatchewan, 1915-1938», Revue historique, Volume 3, Numéro 2, Janvier 1993. Domrémy School Reunion, Our Schools and Their Histories, Domrémy: Domrémy School Reunion, 1986. Gareau, Laurier, «Les crises scolaires à l'école Éthier et à l'école Moose Pond», Revue historique, Volume 2, No. 3, Mars 1992. |
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