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Société de la Saskatchewan
Société historique de la Saskatchewan

Revue historique: volume 2 numéro 3

Deux districts scolaires: leur histoire

Vol. 2 - no 3, mars 1992
Au début du siècle, en plus de se bâtir une maison et de commencer à défricher leur homestead, les pionniers doivent aussi voir à l'éducation de leurs enfants. À cette époque, la tâche de bâtir les écoles ne revient pas au gouvernement, mais bel et bien aux pionniers. L’Acte des Territoires du Nord-Ouest, adopté en 1875, avait prévu des dispositions pour la création de districts scolaires. Les résidants d'une région doivent procéder à ériger un district scolaire et ils doivent emprunter l'argent pour la construction de l'école et pour son maintien. Les commissaires du district scolaire sont responsable de voir à la construction de l'édifice, d'établir le taux de la taxe scolaire pour leur district et d'embaucher les enseignants. Le système des districts scolaires reste en vigueur jusqu'à l'établissement des grandes unités scolaires durant les années 1950 et 1960.

Voici donc l'histoire de deux districts scolaires, un dans le nord et l'autre dans le sud.


District scolaire Éthier #1834
extrait d'un texte d'Estelle Boutin

Le 5 décembre 1906, les colons, vivant à environ cinq kilomètres à l’ouest de l’emplacement actuel du village de Domrémy, se réunissent chez Rémi Éthier dans le but de créer un district scolaire. Huit familles sont représentées à cette rencontre et toutes sont en faveur de la création d’un district scolaire. Alfred Houle, Rémi Éthier et Théodore Huard sont élus commissaires et ils s’occupent d'obtenir la permission du ministère de l’Instruction publique pour bâtir une école.

Ce n’est qu’un an et demi plus tard, le 25 février 1908, que les commissaires de l’école Éthier acceptent de faire un emprunt de 800 $ de J. Addison Reid pour la construction de l’édifice. Les contribuables de la région devront repayer cet emprunt en dix ans à un taux d’intérêt de huit pour cent. Au début d'avril 1908, les commissaires acceptent l’offre d’Achilles Godin pour la construction de l’école à un coût de 180 $. Le bâtiment est complété un mois et demi plus tard, le 15 mai. En août 1908, les commissaires paient la somme de 3 $ pour le terrain sur lequel l’école a déjà été construite, le carreau NW10-44-27-W2. L’édifice comprend une grande salle avec une tortue pour la chauffer. L’école Éthier ne reçoit pas sa première couche de peinture avant 1914. Cette année-là, Edmond Huard reçoit 15 $ pour peindre le bâtiment blanc et les bordures vertes. L’année suivante, Uldéric Fortier fait une pancarte identifiant l’école comme étant «District scolaire Éthier #1834».

En 1921, les commissaires acceptent de faire bâtir une étable pour les chevaux des élèves. Six ans plus tard, l’école doit être agrandie à un coût de 300 $. On y ajoute une autre petite salle où les jeunes laissent leurs manteaux d’hiver et leur dîner. Enfin, en 1933, c’est l’étable qui doit être agrandie.

Dès 1932, les commissaires commencent à étudier la possibilité de déménager l’école un demi mille à l’est, mais en 1935 ils décident plutôt de bâtir un nouvel édifice. Ils achètent deux acres de terrain d’Oliva Lavertu au nouvel endroit, à un coût de 37 $ l’acre et Hormidas Baribeau de Domrémy reçoit
La deuxième école Éthier
La deuxième école Éthier construite en 1936.
Photo: Estelle Boutin

Carte no.1

un contrat de 2 214 $ pour bâtir l’école.

C’est seulement en 1937 que les commissaires d’école décident de faire bâtir une résidence pour l’enseignant ou l’enseignante. Auparavant, l’enseignant ou l’enseignante vivait probablement avec des gens du coin.

Dès l’ouverture de l’école Éthier en 1908, l’approvisionnement en eau devient un problème. Au début, il faut transporter des seaux d’eau de la ferme du voisin. En 1918, une citerne est creusée sous l’école et on y installe une «pompe». La citerne est remplie en transportant l’eau de chez un voisin.

Les commissaires doivent s’occuper de l’achat du bois de chauffage. En 1910, Alfred Houle accepte de fournir le bois pour la somme de 1,75 $ la corde.(1) Le bois devait être coupé à une longueur de deux pieds et demi (75 cm). Plus tard, on ajoute du charbon comme matériel de chauffage.

Mlle Germaine Decaire est embauchée comme première enseignante le 18 mai 1908. Il y a onze différents enseignants et enseignantes durant les dix premières années, dont cinq dans une période de trois ans (1914-1916).

Afin de maintenir leur école, les résidants de la région acceptent, dès 1908, de payer une taxe de sept cents l’acre et cette taxe n’est que deux cents l’acre en 1912.

Le premier achat par les commissaires est un dictionnaire anglais Webster en 1910 pour 7 $. Dès 1915, les commis-saires d’école acceptent de fournir tous les livres pour l’enseignant et pour les élèves et en 1925, ils décident égale-ment de fournir les cahiers brouillons, les crayons et les livres de français.(2)

Entre 1914 et la fermeture de l’école en 1958, un total de 218 élèves font leurs études élémentaires à l’école Éthier.

Avec l’élection du parti Cooperative Commonwealth Federation (CCF) en 1944, on commence à parler sérieusement de la création de grandes unités scolaires. La Commission scolaire de Wakaw devient responsable des avoirs de l’école Éthier en 1953, mais l’école ne ferme ses portes qu’en 1958. Ensuite, les jeunes sont transportés par autobus soit à l’école de Domrémy ou à celle de Bellevue.

En 1959, l'édifice de l’école Éthier est déménagé près de l’école de Saint-Isidore de Bellevue où il sert comme classe supplémentaire pendant quelques années avant d’être vendu à M. Moïse Topping qui en a fait une résidence.

Cet article a été préparé par Estelle Boutin et inclus dans le livre Our Schools And Their Histories, Moments To Remember, Domrémy (Sask): Domremy School Reunion, 1986. pp. 15-26. Traduction, Laurier Gareau.

Notes

(1) Corde: Pile de bois d’un volume de quatre pieds (120 cm) sur quatre pieds (120 cm) sur huit pieds (240 cm).
(2) C’est en 1925 que l’A.C.F.C. lance son programme de Concours de français.

Carte no.2

District scolaire Piché #2391

texte de Marcelle Verville

Dès l’été de 1908, les pionniers de la région qui deviendrait le district scolaire Piché ont commencé à discuter de la possibilité de construire une école, mais à cause des besoins plus urgents de bâtir des maisons et se préparer pour l’hiver, le projet de l’école n’est pas entrepris avant juin 1909.

La première rencontre officielle a lieu chez Amédée Piché le 10 juin 1909. Le «Comité de l’école» est composé d’Amédée Piché, Joseph Verville et Moïse Gauthier. Les autres pionniers du district présents à cette rencontre sont Sylvère Mailhot, Alphonse Mailhot, Philogène Levasseur et Zéphirin Mailhot (président de la réunion). Les commissaires élus à cette rencontre sont MM. Amédée Piché (président), Alphonse Mailhot et Philogène Levasseur. M. Arthur Mailhot est embauché comme secrétaire à un salaire de 40 $ par année. De ce salaire, il doit payer les timbres et le papier pour toutes correspondances officielles.
Un groupe d'élèves devant l'école Piché
Un groupe d'élèves devant l'école Piché vers 1910.
Photo: Marcelle Verville

Carte no.3

Le district scolaire Piché #2391 comprend les sections 16, 17, 18, 19, 20, 21, 28, 29 , 30, 31, 32, 33 et le carreau SW de la section 15 dans le Township 11, Rang 5 à l’ouest du 3e Méridien, les sections 4, 5 et 6 dans le Township 12, Rang 5, les sections 13, 24, 25 et 36 dans le Township 11, Rang 6 et la section 1 dans le Township 12, Rang 6.

La population du district à l’époque est de 81 personnes; 25 enfants âgés de 5 à 16 ans et 16 autres de moins de 5 ans.

La somme de mille dollars est empruntée avec le garanti du district scolaire Piché afin d’acheter un emplacement pour l’école et pour bâtir et meubler l’édifice. Cette somme doit être repayée en dix paiements annuels à un intérêt de huit pour cent.

En juillet 1909, il est décidé de construire l’école, un bâtiment de 18' x 26' x 10', au coin nord-est du carreau SE-30-11-5-W3.1 Les résidants du district sont responsables de transporter les matériaux nécessaires à un taux de 70 cents le 100 livres2 tandis que le contrat de construction est accordé à Jacob Mailhot pour la somme de 140 $. Lors d’une réunion le 24 août 1910, les commissaires établissent la taxe scolaire à quatre cents l’acre; en 1912 la taxe augmente à cinq cents l’acre et à sept cents en 1913.

En 1910, Arthur Mailhot devient le premier enseignant. Il demeure dans ce poste jusqu’au 9 décembre lorsque Mlle Eva Dureault, ayant reçu un permis d’enseignement du ministère de l’Instruction publique, est engagée à un salaire de 700 $ par année.

Il est souvent difficile de trouver un enseignant pour l’école Piché puisque le candidat doit enseigner en français et en anglais. Il arrive donc souvent que l'année scolaire commence en retard. C'est le
l'école Piché
Sylvère Mailhot (au centre) et ses cinq fils. De gauche à droit: Alphonse, Sylvère (fils), Arthur, Pit et Jacob. Jacob a construit l'école Piché tandis que Arthur en a été le premier enseignant.
Photo: Marcelle Verville

cas en 1917 lorsque les classes ne commencent qu’en novembre. La plupart des enseignants restent un an, deux au maximum. Embauché en 1925, Raoul Johnson va changer tout ça. M. Johnson enseigne à l’école Piché pendant six ans et demi et durant ce temps, le nombre d’élèves augmente à 48 jeunes. En 1925, l’école ouvre à temps, mais il faut fermer les portes la dernière semaine de septembre et la première d’octobre à cause d’un froid qui n’est pas normal pour la saison.

À cause du grand nombre d’élèves, il devient évident que les commissaires devront faire quelque chose. Une suggestion veut que le district scolaire soit divisé en deux et qu’on construise une deuxième école. D’autres contribuables sont en faveur d’ajouter une addition de vingt pieds de large au sud de l’école et d’y installer une deuxième classe. Lors d’une réunion spéciale le 30 juin 1928, il est décidé de remanier le bâtiment existant en levant l’édifice de trois pieds et en ajoutant un sous-sol avec murs de ciment. On enlève complètement les fenêtres sur le côté nord. On remplace les quatre fenêtres sur le côté sud par des plus grandes et on en ajoute trois autres. Le vestiaire est démoli et remplacé par un plus grand.

L’école Piché, ainsi retapée, continuerait d’accueillir des élèves pour un autre trente ans et c'est sous son toit que les petits-enfants et les arrières-petits-enfants des premiers colons ont reçu leur éducation élémentaire.

La crise économique des années 1930 touche durement tous les gens, mais malgré les privations, il est toujours possible de trouver un enseignant ou une enseignante qui donne son tout pour un salaire qui est parfois seulement 5 $ par mois. D'autres fois, la municipalité doit aider financièrement pour acheter du bois de chauffage; sinon l’école devrait fermer ses portes durant les mois d’hiver. Toutefois, l’économie se remet et plus tard, on établit des grandes unités scolaires qui viennent enlever le fardeau financier des petits districts scolaires.

C’est en juin 1960 qu’on ferme les portes de l’école Piché et qu’on commence à transporter les élèves à l'école de Gravelbourg.

Et les temps changent! «Le P’tit Nord», comme le district était connu à l’époque, n’est plus qu’une mémoire. Le petit village de Coppen n’est plus sur les cartes routières. Et l’école, après vingt-cinq ans de solitude, vibre toujours avec les mémoires de son passé. Est-ce le vent? Ou est-ce un soupir... et maintenant, peut-être, un tout petit rire?...

Cet article a été préparé par Mme Verville et inclus dans le livre Héritage, Gravelbourg - District, 1906-1985. Il parait ici pour la première fois en français. Gravelbourg Historical Society, Héritage, Gravelbourg - District, 1906-1985, Gravelbourg (Sask): Gravelbourg Historical Society, 1987. pp. 33-34.


Notes

(1) L’école Piché était située à quatre milles et demi à l’ouest et quatre milles et demi au nord du village de Gravelbourg.
(2) Les matériaux de construction devaient être transportés de Mortlach, situé sur la ligne transcontinentale du Canadien Pacifique à environ 100 kilomètres au nord-est de Gravelbourg et 25 à l’ouest de Moose Jaw.

Réponses au quiz
des districts scolaires


1. Gravelbourg (Lefort)
2. 2. Saint-Louis (Lecoq)

3. Ferland (Survivance)

4. Saint-Brieux (Kermaria)

5. Ponteix (Comfort)

6. Zenon Park (Verchères)






 
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