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Cut Knife

Un bout d'histoire (121)

Cut Knife, Sask.: Hier le 12, les dames catholiques de Cut Knife ont donné une soirée concert des plus intéressantes dans la salle du village. Cette soirée a été organisée au profit de leur jolie petite église en construction. Notre église sera terminée bientôt et elle sera dédiée au service du culte le cinq octobre prochain. La population catholique de Cut Knife, dans un rayon de dix milles autour de l'église est de soixante-cinq familles.

Le Patriote de l'Ouest
le 25 septembre 1913


Vingt-cinq des familles catholiques groupées autour de la nouvelle église de Cut Knife, en 1913, sont canadiennes-françaises. Huit ans plus tôt, ces familles avaient vendu leurs fermes à Argyle, dans l'état du Minnesota, pour venir s'établir dans la nouvelle province de la Saskatchewan. Parmi ces Franco-Américains, mentionnons les familles d'Henri Dion, Charles Barsaloux, Alex Chouinard, Méderic Forest, les Riopelle et Jules Beaudry.

Henri Dion établit le premier magasin général à Cut Knife en 1905. En association avec ses frères Lucien et Robert, Henri Dion agrandit son magasin en 1912 et il ajoute une quincaillerie en 1924. La famille Dion est propriétaire du magasin de Cut Knife jusqu'en 1979 lorsque le fils de Robert, Royal Dion, a vend le magasin à Arnie Rewerts.

Lorsqu'il arrive en Saskatchewan en 1905, Charles Barsaloux travaille comme forgeron à North Battleford pour la compagnie du Grand Tronc. Il prend ensuite un homestead à Cut Knife. En 1913, il abandonne la ferme pour s'établir dans le village où il devient agent de la compagnie Massey-Harris. Durant la première guerre mondiale, il est agent d'élévateur pour la compagnie Saskatchewan Co-op Elevator Co., mais agit aussi comme ferblantier.

En 1907, d'autres familles canadiennes-françaises viennent s'établir dans la région. Il y a les familles de David et Léon Jeannotte, de Saint-Alphonse, Manitoba, et René LeBoeuf.

L'église construite en 1913 par les catholiques de Cut Knife n'est pas leur première. En 1903, un missionnaire oblat, le père J. Poulenard, prend un homestead dans la région. Sa paroisse comprend tout le territoire de Battleford jusqu'à la frontière de l'Alberta. À Cut Knife, il chante la messe dans la maison de Jules Beaudry.

Le père Poulenard fait bâtir une église sur son terrain. «La première église construite au temps du père Poulenard était une maison à deux étages, avec l'église au deuxième étage et le logis du curé au rez-de-chaussée. Cette église a été utilisée jusqu'en 1913 lorsqu'elle est vendue et déménagée pour devenir un élévateur à grain.»(1)

En 1911, le père Poulenard quitte la paroisse de Cut Knife et les catholiques se retrouvent sans curé résidant. «Nous n'avons pas encore de prêtre résident à Cut Knife. Le Rév. E. Lacombe de Delmas vient nous dire la messe chaque premier dimanche du mois. C'est mieux que rien, c'est même beaucoup, mais nous soupirons après le jour où nous pourrons avoir un curé résident.»(2)

Le père Ernest Lacombe, un neveu du célèbre Albert Lacombe, est celui qui entreprend le projet de construction d'une nouvelle église en 1913. Avec le concours des dames catholiques du district, le père Lacombe achète le bâtiment de la banque Eastern Township. On le déménage au nord du village et on y ajoute une sacristie. L'année suivante, on achète une cloche et, lors de la visite de Mgr Albert Pascal, on la baptise «Marie-Joseph-Donalda». Le parrain et la marraine sont M. et Mme Méderic Forest.

Le père Lacombe est aussi celui qui organise le premier groupe des Dames de l'autel en 1914.

Les gens de Cut Knife doivent toutefois attendre jusqu'en 1922 avant d'enfin avoir un prêtre résidant. Il s'agit du père Émile Pascal, o.m.i., un neveu de Mgr Pascal.

Si on connaît l'histoire de la fameuse bataille de Cut Knife Hill en 1885, entre le Colonel Otter et le chef cri, Poundmaker, c'est à la suite d'une autre bataille que la région a pris son nom. Entre 1840 et 1850, un important groupe de Cris est dans la région de la butte. Un matin, ils apprennent que treize de leurs ennemis Sarcees, mené par le grand chef Cut Knife, sont aussi dans le district.

Les Cris s'empressent à les encercler dans une petite coulée. «Les cris, voyant que les Sarcees étaient cernés, avaient pris leur temps et avaient fait venir leurs femmes et leurs enfants et toute la suite pour voir l'extermination des Sarcees. Le chef cri, toutefois, apprenant que le chef du groupe sarcee était le fameux chef Cut Knife, avait ordonné que l'on ne devait pas utiliser de fusil, mais que les Sarcees devait être exterminés dans des combats corps à corps.»3

Les quelque 100 guerriers cris réussissent enfin à exterminer les treize Sarcees mais seulement après une longue bataille. Les prouesses du chef Cut Knife, cette journée-là, lui ont mérité que son nom soit donné au district.

(1) Lavigne, Solange, Kaleidoscope, Many Cultures - One Faith, The Roman Catholic Diocese of Prince Albert, 1891-1991, Prince Albert: Diocèse de Prince Albert, 1990, p. 134. (Traduction)
(2) «Cut Knife, Sask.», Le Patriote de l'Ouest, le 25 septembre 1913.
(3) East Cut Knife and Districts Historical Society, Where the Cut Knife Waters Flow, North Battleford: Turner-Warwick Printers Inc. 1980, p. 6. (Traduction)

Sources
«Cut Knife, Sask.», Le Patriote de l'Ouest, le 25 septembre 1913.

East Cut Knife and Districts Historical Society, Where the Cut Knife Waters Flow, North Battleford: Turner-Warwick Printers Inc. 1980.

Lavigne, Solange, Kaleidoscope, Many Cultures - One Faith, The Roman Catholic Diocese of Prince Albert, 1891-1991, Prince Albert: Diocèse de Prince Albert, 1990.





 
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