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Société historique de la Saskatchewan

Revue historique: volume 4 numéro 3

Courrier

Vol. 4 - no 3, mars 1994
(Dans cette lettre, Roger Motut de Stony Plain (Alberta) partage des souvenirs d'Antonio et Marie-Antoinette de Margerie avec Albert Dubé de Regina.)

Mon cher Albert,

Merci d'avoir eu la gentillesse de m'envoyer le numéro de la Revue historique (novembre 1993) où il est question des de Margerie. Ton histoire rappelle bien la contribution de cet homme qui a consacré sa vie, pour ainsi dire, à la cause des Franco-Saskatchewaniens (on dirait Fransaskois aujourd'hui). La photo de Bellona ressemble tellement à Ninette quand je l'ai connue, que je l'ai prise pour elle!

M. de Margerie m'a enseigné la 6e année à Hoey. Je ne sais pas si je t'ai raconté l'histoire de l'enlèvement des crucifix de notre école? Lorsque Anderson a décrété qu'il ne devait pas y avoir de symboles religieux dans l'école, papa et M. de Margerie sont allés à Prince Albert et ont acheté des tableaux de grands artistes reconnus dans le monde entier. Au lieu du crucifix, nous avions désormais de beaux cadres représentant le Christ en Croix de Hoffman, la Dernière Cène de Leonardo da Vinci, etc... cinq ou six fois plus de symboles religieux que nous avions avant! Lorsque l'inspecteur de Rosthern est venu à l'école (il était catholique), il a passé la remarque que nous étions des amateurs d'Art. Cet événement démontre bien quel genre d'homme nous avions comme instituteur.

J'étais parfois invité chez lui y prendre un repas. Ce repas était une occasion pour M. de Margerie d'enseigner le vocabulaire français à ses enfants. Il fallait toujours avoir le mot juste! Que de patience! Il m'a initié à la bonne lecture et à l'histoire en me faisant lire des illustrations en couleurs sur l'histoire du Canada. De plus, il m'a enseigné une récitation pour un Congrès de Commissaires d'écoles qui avait lieu à Hoey intitulé: «C'est Pierrot qui va voir sa blonde!» Toutes ces leçons ont porté fruit.

J'avais aussi la tâche journalière d'aller chercher sa vache dans le champ au bas de l'école; sur la section d'école dans le temps. Cette sacré vache m'en a donné du fil à retordre, tous les soirs après l'école. Le matin, après la traite, c'était lui qui la conduisait au champ.

Quant à Marie-Antoinette de Margerie, je l'ai bien connue et beaucoup aimée. Elle m'a enseigné le latin de la grammaire Ragon pendant ma 10e année. Elle me gardait pendant une heure deux soirs la semaine après l'école et me faisait décliner: rosa, rosa, rosae, rosam, rosa... et m'expliquait les règles. Cela m'a valu d'être appelé «teacher's pet» par mes camarades... mais cela m'a sauvé une année au Collège car en entrant, on m'a placé en Syntaxe.

J'ai servi la messe de mariage de Ninette et de Charles Papen à Saint-Louis. Il faisait un froid de chien. Nous avions mis la voiture dans la forge pour que le radiateur ne gèle pas! C'était une des rares occasions où je suis revenu du Collège pour les vacances de Noël en 7 ans de collège.

Elle m'écrivait de belles lettres d'encouragement au point où le Préfet de discipline, qui lisait nos lettres, me demanda un jour qui était cette Ninette qui écrivait si bien et qui donnait de si bons conseils.

Ce sont là de vieux souvenirs que l'on garde précieusement.

Roger Motut





 
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