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Société de la Saskatchewan
Société historique de la Saskatchewan

Des histoires

Concours de français de l'A.C.F.C.

Alors qu'il s'occupait à constituer un dossier historique sur l'Association Catholique Franco-Canadienne de la Saskatchewan, Antonio de Margerie, alors secrétaire de l'Association, pria un pionnier de Hoey, Jean-Amédée Motut, de rédiger quelques pages sur les débuts de ce groupement national. Une partie de ce document d'intérêt exceptionnel traite du premier concours de français administré par l'A.C.F.C.:
«Vers 1920, devenait membre de l'A.C.F.C. tout Canadien français ou Franco-canadien catholique qui versait un dollar par an, soit au Comité local, soit au Chef du Secrétariat. Dans ce temps-là, le Chef du Secrétariat était M. Donatien Frémont, rédacteur au Patriote de l'Ouest à Prince-Albert. Notre cercle de Hoey tenait bien son bout avec environ 30 membres payants.

«En 1923, M. Louis Charbonneau vint prendre la charge de notre école et prit en même temps la présidence du Comité local de l'A.C.F.C. Ce fut le vrai début de nos concerts et de nos bonnes soirées de Hoey. Un fait, en passant. Le lendemain de son arrivée à Hoey, l'Hôtel de Hoey prit feu et ses malles et tout leur contenu furent brûlés. C'était un matin de janvier par un froid de 30° sous zéro. En bataillant avec nos faibles moyens, nous empêchâmes le feu de dépasser l'Hôtel.

«Ce fut en 1923 que le Comité Fédéral de l'A.C.F.C. se réunissait à Prince-Albert (j'étais un des membres). Le but était de ré-organiser l'Association et de faire monter le nombre de membres. Y assistaient Mgr Marois de Régina, le Dr. Godin de Willow-Bunch, M. Morrier de Prince-Albert, Raymond Denis (alors Vice-Président), Donatien Frémont, moi-même, Paul Bourdy de Laflèche, Jules Casgrain de Prince-Albert, etc...

«Sur proposition du Dr. Godin, M. Raymond Denis fut nommé organisateur – pour $400.00. Était-ce par mois ou par trimestre, je ne me souviens pas. M. Denis fit un excellent travail, mais bien entendu l'Association ne put rencontrer le salaire promis. M. Denis, qui était agent d'assurances pour la Cie Sauvegarde, n'exigea pas ce salaire. Il se contenta de 5 à 600 dollars pour son travail de l'année.

«Vint le Congrès de Prince-Albert en fin d'année 1923 (ou au début de 1924?). À Hoey, grâce à nos concerts et soirées préparées par M. Charbonneau, nous pouvions envoyer 10 délégués (commissaires d'école et membres de l'A.C.F.C.). Il y eut au-delà de 250 délégués à ce Congrès. Ce fut aussi l'occasion la première chicane dans nos rangs. Je crois devoir écrire ici les causes de dispute, telles qu'elles me sont apparues alors: M. Gravel, avocat de Gravelbourg était Président de l'A.C.F.C. Il était à remplacer comme Président. Pour la plupart des délégués, M. Denis était l'homme choisi.

«Une sorte de cabale, menée en dehors de la convention et menée par le Dr. Lavoie de Prud'homme, avec le Père Adam, Mgr Brodeur et quelques Chevaliers de Colomb de Prince-Albert, en voulurent décider autrement et poussèrent la candidature du Dr. Lavoie à la présidence. Prétexte: la présidence devait revenir à un Canadien français et non à un Franco-canadien (Français). Or, 1) M. Denis était Franco, étant né en France, et 2) il avait fait trop d'argent comme organisateur et 3) tout était à changer. De là, une séance très animée. Il n'y eut pas, à vrai dire de tumulte, car le bon sens finit par triompher – mais ce fut chaud par moments. M. Denis qu'on accusait d'avoir trop gagné d'argent, dit simplement qu'il n'avait jamais reçu le montant du salaire promis – que l'Association lui devait six mois de salaire et sachant que l'Association n'avait pas d'argent, il lui en faisait cadeau. Il était satisfait de dire que le travail était fait – qu'au Congrès de Gravelbourg deux ans auparavant, il y avait 50 délégués et qu'à Prince-Albert, 250 délégués avaient répondu à son appel. Quant à l'idée d'un Franco à la tête de l'Association, l'ovation faite à M. Denis dut sans doute convaincre la partie adverse. Pour satisfaire les deux côtés, le Comité de nomination proposa M. le Commandeur Morrier à la présidence et M. Denis à la Vice-Présidence. Ce qui fut endossé par le Congrès.

«Le Comité des Résolutions proposa que tout Franco-canadien catholique pouvait être membre de l'A.C.F.C. et qu'il y aurait toujours un cercle pour chaque paroisse. Hoey, n'étant pas une paroisse, mais ayant un cercle, dut batailler un peu pour se faire accepter, mais il réussit. Une des résolutions demandait un programme d'enseignement. Un comité fut nommé pour s'en occuper. Je me souviens qu'il fut question d'organiser des coopératives de denrées alimentaires et autres. La résolution avait été combattue par un M. Potvin du Sud – et fut remise à plus tard. Une autre résolution, celle-là présentée par M. Louis Charbonneau pour l'organisation d'un Concours de français dans la Province ne passa pas, malgré la vigueur et le talent de M. Charbonneau et fut mise à l'étude. Elle ne devait revenir que deux ans plus tard.

«De retour à Hoey, M. Charbonneau réunit les délégués de Hoey à nouveau ainsi qu'un bon nombre de pères de famille et nous parla longuement de l'organisation d'un concours entre nos écoles, nous disant que c'était le meilleur moyen de stimuler instituteurs et les élèves à mieux apprendre leur français – nous traçant ainsi la marche à suivre pour l'organisation de nos futurs concours. Il nous quitta peu après. L'idée cependant avait fait son chemin. En 1924, nous réunissions les Commissions scolaires de Bellevue, Domrémy, Bremner, Saint-Louis, etc. – en somme, dix ou onze écoles et ceci à Hoey où tous, d'un commun accord, nous avons organisé le premier concours de langue française de la Province. Le Comité qui lança la balle fut composé du Rév. Père Carpentier, M. R. Gagné, Lucien Mareschal et moi-même. Les rôles étaient répartis ainsi: Président: J.-A. Motut; Secrétaire: L. Mareschal; un commissaire pour chaque district scolaire. M. R. Gagné prépara les questions d'examens pour les 5e, 6e, 7e et 8e années. Ces examens furent corrigés et annotés par le Père Carpentier, L. Mareschal et Michel Hallé, gérant de Banque Hochelaga.»

Le fils de Jean-Amédée Motut, Roger, ajoute de sa main la note suivante:

«Je me rappelle que ce Concours a été corrigé chez-nous sur la table de notre salle à dîner.»

(tiré du dossier Motut, collection de Mme Lucille Tessier)





 
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