Des histoiresCentralisation scolaireRegina: Le parlement de la Saskatchewan discutera dans la présente session le système des centralisations scolaires (consolidation of schools). Il s'agit de coaliser les districts scolaires limithrophes dans les endroits de la campagne où la population est plus disséminée pour y établir une école centrale. Un système de voiturage amènera les enfants le matin et les reconduira le soir. Le Patriote de l'Ouest le 28 novembre 1912 Tout expert de la francophonie en Saskatchewan peut vous dire que le début de la fin de la communauté fransaskoise a commencé avec la centralisation des écoles de campagne, une politique qui a été adoptée par le parti CCF après son élection en 1944. En 1944, la communauté franco-canadienne de la Saskatchewan se voit refusé, par le bureau des gouverneurs de Radio-Canada, un permis d'exploitation d'un poste de radio. Un de ces anciens chefs de l'A.C.F.C., Raymond Denis, établit depuis 1935 à Montréal, est enragé par cette décision. Il blâme les libéraux qui sont au pouvoir, tant à Ottawa qu'en Saskatchewan. En Saskatchewan, les libéraux doivent appeler une élection provinciale et pour la première fois en dix ans, le permier ministre W.J. Patterson voit un parti qui menace de lui enlever le pouvoir. Il s'agit du Cooperative Commonwealth Federation (CCF) mené par T.C. Douglas. «Traditionnellement, les Franco-Canadiens de la Saskatchewan votent libéral. Pour cette raison, Patterson demande à Raymond Denis de revenir en Saskatchewan faire la cabale pour son parti. Denis reçoit cette demande de Patterson quelques jours après la décision du Bureau des gouverneurs de Radio-Canada concernant les postes de la Saskatchewan.»(1) Raymond Denis est enragé par cette requête et il refuse de venir faire la cabale pour le parti libéral de la Saskatchewan. Mais pour bien d'autres Franco-Canadiens, comme l'abbé Maurice Baudoux de Prud'homme, il faut continuer d'appuyer les libéraux contre la CCF. «Il craint l'avènement du parti socialiste-démocrate parce que 'dans le domaine scolaire (pour ne parler que de celui-là) les tendances de ce parti sont à la centralisation à outrance et que le système de grandes unités auquel le gouvernement actuel n'a donné jusqu'ici qu'une adhésion de principe, serait tôt réalisé advenant la prise de pouvoir par la CCF.»(2) En 1944, la position de l'Association catholique franco-canadienne de la Saskatchewan, concernant la centralisation, est claire. Il s'agit de quelque chose à craindre. En effet, si les gouvernements de la Saskatchewan en parlent depuis 1912, rien n'a été fait et pour l'abbé Maurice Baudoux, c'est à l'avantage des Canadiens français. Lorsque de grandes unités scolaires sont créées après l'élection du CCF en 1944, les francophones perdent la gérance de leurs écoles car ils sont invariablement en minorité dans les plus grandes écoles centralisées, sauf dans quelques cas comme à Bellevue, à Zénon Park, à Gravelbourg et à Bellegarde. «Le quart de siècle qui s'écoula entre la mise en vigueur du plan de régionalisation et le retour aux écoles bilingues au début des années 1970 fut l'un de ceux où l'on enregistra le plus haut taux d'assimilation. Le désir de se fondre dans la majorité anglaise côtoyée quotidiennement à l'école régionale poussa plus d'un jeune à délaisser sa langue maternelle.»(3) Si la communauté franco-canadienne de la Saskatchewan s'oppose à la centralisation scolaire en 1944 parce qu'elle réalise qu'elle se retrouvera en minorité dans de plus grandes écoles, Le Patriote de l'Ouest s'oppose au projet du gouvernement libéral de la Saskatchewan en 1912 pour une toute autre raison. En effet, le rédacteur du journal voit certains avantages dans le projet avancé par le gouvernement. «Un avantage pour les catholiques, là où ils ne sont pas assez nombreux pour former un district scolaire catholique, il serait peut-être assez nombreux en se centralisant. Même chose pour la langue.»4 Toutefois, le journaliste du Patriote espère bien que le projet de centralisation ne vienne pas détruire le système des écoles séparées (catholiques). Le Patriote de l'Ouest avance un autre avantage du projet de centralisation scolaire. Il en coûterait moins pour la construction et le maintien des écoles et pour les salaires des instituteurs et des institutrices. L'aspect négatif du projet est qu'il en coûterait plus pour le transport des élèves, car en centralisant les écoles, il faudrait établir un système de voiturage. En décembre 1912, le gouvernement du premier ministre Walter Scott dépose un projet de loi devant l'Assemblée législative de la Saskatchewan, mais ce projet de loi n'est jamais adopté. En 1944, une nouvelle loi scolaire divise les régions peuplées de la province en 60 grandes unités. Entre 1944 et la fin des années 1960, tous les petits districts scolaires (écoles de campagne) sont absorbés dans une ou l'autre des grandes unités scolaires. Les parents francophones perdent ainsi la gérance de leurs écoles. En 1992, la communauté fransaskoise attend toujours l'adoption d'un projet de loi qui lui redonnera le contrôle de ses écoles. (1) Gareau, Laurier, Le défi de la radio française en Saskatchewan, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1990. p. 51. (2) Ibid. p. 52. (3) Lapointe, Richard et Tessier, Lucille, Histoire des Franco-Canadiens de la Saskatchewan, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1986. p. 269. (4) «Centralisation scolaire» Le Patriote de l'Ouest, le 28 novembre 1912. p. 1. Sources: Gareau, Laurier, Le défi de la radio française en Saskatchewan, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1990. Lapointe, Richard et Tessier, Lucille, Histoire des Franco-Canadiens de la Saskatchewan, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1986. Le Patriote de l'Ouest, «Centralisation scolaire» le 28 novembre 1912. |
|