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Société de la Saskatchewan
Société historique de la Saskatchewan

Des lieux

Cantal

À l'issu de la messe, la paroisse entière alla écouter à l'école de notre village le compte rendu du Congrès de Regina par notre délégué et secrétaire, A.M. Dunand. La séance fut présidée par le Rev. M. Louis Nadeau, curé qui le premier prit la parole. Dans un discours plein de vie et de feu, il montra le but, les avantages de l'Association et les résultats que l'on peut en retirer. «Suivons, dit-il, l'exemple de nos frères les Allemands; restons groupés et unis, ce sera le seul moyen de conserver et de maintenir nos droits dans notre belle province.»

Le Patriote de l'Ouest
le 4 septembre1913
C'est grâce au travail de colonisation de l'abbé Jean-Isidore Gaire, un Alsacien venu dans l'Ouest canadien en 1888, qu'il y a eu une forte présence française dans le sud-est de la Saskatchewan. Lorsqu'il arrive comme missionnaire dans l'Ouest, l'abbé Gaire s'établit dans le sud-ouest du Manitoba, dans une colonie métisse du nom de Grande-Clairière, dans la région de Oak Lake. Il fait des voyages en Europe pour intéresser des Français et des Belges à venir coloniser les vastes prairies canadiennes.«Cette région entre Grande-Clairière et la Montagne de l'Orignal, presque tout entière était encore déserte. Comme il n'était pas prudent d'aller s'y établir au hasard, nous dûmes commencer par y entreprendre de sérieuses reconnaissances.»(1)

En 1892, presque tout le terrain a été pris dans les environs de Grande-Clairière et le missionnaire tourne sérieusement son attention vers la région de la Montagne de l'Orignal. «Comme il ne reste plus de terre à prendre aux abords de la paroisse, l'abbé Gaire traverse la frontière de l'Assiniboia et fonde Saint-Raphaël-de-Cantal en 1892, puis Saint-Maurice-de-Bellegarde l'année suivante.»(2)

L'abbé Gaire décrit les premiers colons de Cantal comme suit: «Il y avait tout les genres dans cette foule; des jeunes gens bien élevés, des hommes de bureaux, des bons paysans, des ouvriers, des rouleurs, des tarés et des voleurs.»(3) Ils viennent pour prendre des homesteads, mais même trouver les poteaux d'arpenteur devient une tâche difficile pour les premiers habitants de Cantal car un violent feu de prairie avait passé par la région l'automne précédent détruisant les piquets délimitant les lots. «Pour trouver un de ces piquets, nous nous organisons en une bande de 15, les plus valides. Nous nous étendons sur une ligne immense et droite, nous tenant éloignés les uns des autres de 50 mètres environ. Nous avançons droit devant nous; pour peu qu'il reste encore quelques piquets, il faudra bien que l'un ou l'autre d'entre nous finisse par en découvrir un.»

Il finisse toutefois par trouver leurs homesteads et le travail du cultivateur commence. Parmi les colons qui ont suivi l'abbé Gaire à Cantal, mentionnons les Laurent, Quennelle, Fréchard, Germain, Girard, Mathis, Carpentier, Cruywels, Loire, DuBuission et Charette. La plupart viennent de la France et de la Belgique. Plusieurs restent à Cantal. D'autres, comme Maurice Quennelle, quittent la région pour aller s'établir ailleurs. Quennelle retourne prendre une ferme à Grande-Clairière. En 1901, il suivra à nouveau l'abbé Gaire jusqu'à Wauchope, près de Cantal, où il deviendra commerçant. En 1912, il est élu premier président de l'ACFC.

L'abbé Gaire a encouragé les colons à venir s'établir à Cantal, mais c'est à l'abbé Alphonse Lemieux que revient la tâche d'établir la paroisse de Saint-Raphaël. «En 1899 il devient missionnaire-fondateur de Cantal où il bâtit de ses propres deniers une maison-chapelle.»(4) L'année suivante, l'abbé Lemieux fait venir de nouveaux colons francophones de Tomahawk, Wisconsin, comme les Donais, les Poirier et les Gervais.

À partir de 1900, Mme Maria Donais et l'abbé Charles Poirier enseignent aux jeunes de la région; la première école de Cantal est dans le presbytère. En 1907, les francophones de la région établissent le district scolaire de Cantal, No 1939. Le premier instituteur, David Gratton, aidera, en 1925, à convaincre l'ACFC d'implanter un cours de français à l'échelle provinciale. À Cantal, on enseignera le français de l'ACFC jusqu'à la fermeture de l'école en 1969.

Dès 1905, les bonnes terres sont toutes prises et les gens de Cantal commencent à nouveau à regarder vers l'ouest. L'abbé Lemieux est maintenant curé de Willow Bunch et il réussit à faire venir des familles, comme les Gauthier et Beaubien, dans son coin du pays. Ces familles seront les premières à s'établir à Gauthierville, c'est-à-dire Gravelbourg. D'autres iront plus tard s'établir à Notre-Dame d'Auvergne (Ponteix).

Aujourd'hui, Cantal n'apparaît plus sur les cartes routières de la Saskatchewan mais l'esprit de Mgr Gaire vit encore dans la région.

Références

(1) Gaire, Jean-Isidore, Dix années de mission du Grand Nord-Ouest canadien, Extrait du livre publié en 1898. Archives de la Saskatchewan, p. 2
(2) Lapointe, Richard, 100 NOMS, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1988, p. 173.
(3) Gaire, op. cit., p. 10.
(4) Chabot, abbé Adrien, Histoire du Diocèse de Gravelbourg, 1930-1980, Gravelbourg: Diocèse de Gravelbourg, 1981, p. 189.

Sources

Un bout d'histoire... 113

Chabot, abbé Adrien, Histoire du Diocèse de Gravelbourg, 1930-1980, Gravelbourg: Diocèse de Gravelbourg, 1981.

Gaire, Jean-Isidore, Dix années de mission du Grand Nord-Ouest canadien, Extrait du livre publié en 1898. Archives de la Saskatchewan.

Lapointe, Richard, 100 NOMS, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1988.





 
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