Des motsCailleTous les Fransaskois qui ont été élevés sur une ferme ont certainement entendu l'expression la vache caille. Généralement le terme caille était utilisé pour décrire tous les animaux tachetés noir et blanc ou brun et blanc. Chez nous, toutefois, il y avait une distinction entre la vache noir et blanche (la holstein) et la vache brune et blanche (la caille). Pourquoi? Je ne sais vraiment pas, sauf qu'à un moment nous avons eu un taureau Holstein! Toutefois, le terme vache caille est bien connu des Fransaskois. L'abbé Étienne Blanchard, dans son Dictionnaire du bon langage, 1915, recommandait de dire une vache pie plutôt qu'une vache caille. Par contre, il précisait qu'en «Normandie, on dit, comme au Canada, vache caille; dans le Midi, on dit vache pie, vache margot (surnom de la pie) ou vache baguette.» Pourquoi rattacher ce terme à la pie (l'oiseau)? C'est dans Dagenais, Dictionnaire des difficultés de la langue française au Canada, qu'on trouve la réponse. Selon lui: «Le mot caille, d'origine celtique, désignait dès le début de l'ancien français un oiseau gallinacé d'un plumage mêlé de blanc et de divers tons de gris et de brun qui, depuis pour ainsi dire toujours, passe chaque printemps d'Afrique en France pour y séjourner quelques mois. Comme la perdrix à laquelle il ressemble en plus petit, cet oiseau est inconnu au Canada sauf de quelques éleveurs.» Dagenais ajoute que «le terme le plus employé de nos jours pour qualifier la robe d'un cheval ou d'une vache mêlée de larges taches blanches et noires ou blanches et fauves est le nom employé adjectivement d'un autre oiseau, pie: cette vache a une robe pie.» Dagenais précise tout de même que le mot caille a résisté au temps et il reste vivant. «Il signifie aujourd'hui qui a des taches blanches et noires en parlant de certains bovins.» Au Canada français, l'adjectif caille a deux autres sens, comme nous le révèle Léandre Bergeron dans son Dictionnaire de la langue québécoise: «Indécis au point de vue politique. Ex: Il est ni rouge ni bleu. Il est caille. Être troublé. Ex: Avoir les yeux cailles. Indécis.» Bélisle, dans son Dictionnaire nord-américain de la langue française, apporte plus de précision sur cette dernière définition. Selon lui, «câille – trouble: avoir les yeux câilles, avoir les yeux troublés par l'ivresse ou par un grand besoin de sommeil.» Cette dernière précision de Bélisle nous mène à rechercher un autre terme connu en Saskatchewan, soit le verbe cailler. D'après Bergeron, cailler «v. intr. Avoir sommeil. Ex: Tu cailles, mon boy, va te coucher.» Par contre, le verbe cailler peut aussi être utilisé comme verbe transitif dans le sens de coaguler – le sang, le lait caille. Dans leur Dictionnaire général de la langue française (1924), Hatzfeld, Darmesteter et Thomas nous offrent l'origine du verbe cailler: «Étymologie. Dérivé du latin coagulare, devenu coaglare, quaglare, cailler.» Bélisle ajoute: «Cailler. Faire prendre en caillot.» Caillot c'est le n.m. pour la petite masse d'un liquide coagulable par une action chimique ou par la chaleur. |
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