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Des mots

Bon parler français

Avec l'arrivée du mois de juin, les jeunes pensent de plus en plus aux vacances d'été. D'ici quelque temps, ils seront plongés dans les examens de fin d'année. Au mois de juin, je me remémore un temps spécial de ma jeunesse. À cette époque, par un beau samedi matin de juin, nous grimpions dans l'autobus pour regagner l'école afin d'écrire nos examens de français de l'A.C.F.C. Il faut avoir été d'âge scolaire avant 1968 pour se souvenir de cette expérience.

Aujourd'hui, les jeunes se révolteraient probablement s'ils devaient retourner en classe un samedi pour écrire des examens de français, mais, lors de ma jeunesse, la journée des examens de français de l'A.C.F.C. revêtait un atmosphère de fête. Nous, les jeunes, étions même contents de retourner en classe un samedi matin.

À cette époque, nous avions droit à une heure de français par jour et c'est l'A.C.F.C. qui préparait les examens de français, voyait à les faire corriger et à faire connaître les résultats. À la fin juillet, les jeunes se hâtaient de vérifier les résultats de ses examens dans les pages de La Liberté et le Patriote, le journal hebdomadaire des francophones de la Saskatchewan et du Manitoba.

L'examen de français de l'A.C.F.C. était divisé en quatre parties: la grammaire, la dictée, l'orthographe et la composition. Un des bouquins utilisés durant l'année par les élèves et les enseignants était le Bon Parler Français, un manuel d'une vingtaine de pages préparé par l'A.C.F.C. Marie-Louise Perron, archiviste aux Archives de la Saskatchewan, vient de me faire parvenir une copie du Bon Parler Français.

En parcourant ce document, je me rends compte que certaines des suggestions de l'A.C.F.C., pour corriger nos anglicismes, sont de nature douteuse comme bon français. En voici certains exemples.

Peu de Fransaskois utilisent l'expression «living room»; la plupart préfère dire un salon. Toutefois, on suggère aux élèves de la cinquième année une traduction pour «living room». L'A.C.F.C. recommande de dire vivoir. Le Petit Robert nous dit: «Vivoir, n.m. (XXe; mot du français canadien; de vivre) Au Canada, salle de séjour.»

Le mot salon est bien accepté dans le Petit Robert pour désigner le «living room»: «Pièce de réception (dans un logement privé).»

Chose intéressante, alors que les Fransaskois se battent pour bien parler et bien écrire leur français, les Français vont plutôt dire le «living room» ou le «living».

Dans le Bon Parler Français, hockey était considéré comme un anglicisme. Comme bien d'autres, j'ai appris durant ma jeunesse qu'il fallait corriger hockey en disant plutôt gouret. Le mot gouret ne figure dans aucun dictionnaire contemporain. C'est le mot hockey qu'il faut utiliser. Le Petit Robert nous rappelle que même si hockey est un mot anglais, il est originaire de la France, hoquet.

Par contre, dans le Bon Parler Français, on essayait de corriger des termes couramment utilisés dans les communautés francophones de la Saskatchewan.

En voici des exemples: s'abrier avec un couvre-pied, on doit dire «se couvrir»; des écalles d'oeufs doivent être remplacées par des «coquilles d'oeufs»; frotter ses chaussures doit être remplacée par «polir ses chaussures»; et donne-moi-z-en est une expression bien fransaskoise qui devrait être corrigée par «donne-m'en».

Enfin, l'A.C.F.C. était tellement déterminée d'extirper tout anglicisme du parler des Franco-canadiens de la Saskatchewan qu'elle recommandait dans son Bon Parler Français des substituts français pour des noms de compagnies bien connues: le Wheat Pool devait dorénavant être connu sous le nom du Cartel du Blé. Dans les sports, le volleyball devait être traduit par «ballon-volant» et le basketball par «ballon-panier». Aujourd'hui, volley-ball et basket-ball sont acceptés en français.





 
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