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Des lieux

Blaine Lake et La Montée

La semaine passée, grâce au zèle intelligent de notre dévoué pasteur, M. l'abbé Myre, les Franco-Canadiens de Blaine Lake réunis ont formé eux aussi un cercle Franco-Canadien. Si nous ne brillons pas par le nombre, c'est que nous ne sommes guère nombreux dans nos parages et c'est à l'unanimité des membres que le cercle a été fondé. Bel exemple de solidarité.

Le Patriote de l'Ouest
le 26 juin 1913
Même si les premiers colons français ne sont pas arrivés dans la région de Marcelin et Blaine Lake avant la fin du XIXe siècle, l'histoire du district remonte à la fin du XVIIIe siècle, c'est-à-dire au temps de la lutte entre les grandes compagnies de traite des fourrures.

Au début du XIXe siècle, plusieurs postes de traite sont établis dans la région de Batoche: South Branch House est situé sur la rivière Saskatchewan Sud (ou Fourche des Gros Ventres) et le Fort La Montée et le Fort Carlton se trouvent sur la rivière Saskatchewan Nord. Le Fort La Montée avait été établi en 1811 par la Compagnie du Nord-Ouest sur le côté nord de la rivière.

Mais avant même l'établissement du fort La Montée, la région avait été visitée par des traiteurs de fourrures. En 1792, un employé de la Compagnie de la Baie d'Hudson, Peter Fidler, avait exploré la région et deux ans plus tard, c'était au tour de David Thompson de visiter la région pour le compte de la Compagnie du Nord-Ouest. Les deux hommes mentionnent «La Montée», située quelques milles en amont du Fort Carlton sur la rivière Saskatchewan Nord, dans leurs journaux. «Arrived the Mounté where a road goes to the S.B. Fort across the neck or point of land which separates the 2 Branches of the River.»(1)

La région était connue sous le nom de «La Montée» puisque c'était à cet endroit que les traiteurs de fourrures pouvaient abandonner leurs canots et MONTer à cheval pour faire la chasse aux bisons ou pour se déplacer. Il y avait probablement déjà des pistes indiennes dans la région avant la construction du fort en 1811. Une des pistes allait vers South Branch House et ensuite à la traverse Gardepuy (Gariépy) sur la rivière Saskatchewan Sud. Une autre piste allait vers le nord jusqu'au lac Vert et l'Île-à-la-Crosse.

Lorsque les deux grandes compagnies de fourrures sont amalgamées pour devenir la Compagnie de la Baie d'Hudson en 1821, le Fort La Montée est abandonné en faveur du Fort Carlton quelques milles en aval. «Lorsque le Fort La Montée fut abandonné, tout fut transporté au Fort Carlton; mais à La Montée, puisque les récoltes de légumes et de grain poussaient mieux, les champs furent maintenus pour un autre trois ans.»(2)

Un des plus importants groupes de colons à venir s'établir dans la région de Blaine Lake sont les Doukhobors qui arrivent vers 1898. Persécutés en Russie depuis des centaines d'années, à cause de leurs croyances religieuses et à cause de leur objection à faire le service militaire, les Doukhobors avaient été exilés dans la région de Transcaucasia, une deuxième Sibérie, par l'armée du Tzar. En 1898, le gouvernement de la Russie leur donne permission de quitter le pays. Plusieurs viennent s'établir dans l'Ouest canadien.

D'autres colons qui s'établissent dans le district de Blaine Lake et Marcelin à la fin du XIXe siècle sont les Français. Antoine Marcelin fonde le village de Marcelin, quelques milles au nord de Blaine Lake, vers 1890. D'autres viendront de la Bretagne, du Québec et de l'Ontario au début du XXe siècle. Parmi les familles françaises qui s'établissent dans la région mentionnons les Abgrall, Apchin, Bonin, Bourgeault, Casavant, Conan, Goueffic, Harmand, Herveau, Lamontagne, Lavoie, LeGoffe, Olivier, Parent, Perillat et Simon.

Pendant de nombreuses années, le seul commerçant francophone à Blaine Lake est Victor Bourgeault, fils du docteur Victor Bourgeault de Marcelin. Victor, fils, avait été propriétaire d'une quincaillerie à Marcelin avec son père jusqu'en 1913. Cette année-là, il vend son commerce à Marcelin pour ouvrir une nouvelle quincaillerie à Blaine Lake.

Au début, les colons catholiques se rendent à la messe à Marcelin où le curé, l'abbé Pierre-Elzéar Myre, vient dire la messe dans la maison d'un colon. C'est seulement en 1914 qu'une église est construite et la paroisse Saint-Andrew est établie.

L'abbé Myre est donc le curé de Blaine Lake en juin 1913 lorsque le premier cercle local de l'Association franco-canadienne est fondé. Les membres du premier exécutif de ce premier cercle sont: Joseph Harmand, président, Jean-Baptiste Lavoie, trésorier et Henri Simon, secrétaire. Les autres membres en juin 1913 sont Louis, Mathurin et Pierre Olivier, René et Jean-Marie Abgrall, Yves et Mathurin Goueffic, Narcisse Lépine, Louis Apchin, Donat Parent, Léon Conan, François Herveau et François LeGoffe.

Bien sûr, dans l'esprit de plusieurs descendants de ces pionniers, le but du cercle local de Blaine Lake n'était pas celui des Franco-Canadiens qui s'étaient regroupés à Duck Lake en 1912 pour fonder une association nationale. «Puisque peu des colons français parlaient l'anglais, la fondation de “La Société Franco-Canadienne” fut très utile. Le but de cette organisation fut de promouvoir les activités de loisir et de faciliter l'apprentissage de l'anglais.»(3)

Comme on le sait, l'ACFC n'a jamais eu pour mission l'enseignement de l'anglais au Franco-Canadiens. Déjà au début du siècle, il était trop facile pour les nôtres de perdre leur langue... et leur foi. C'est bien ce que l'abbé Myre aurait dit aux fondateurs du cercle local de l'ACFC à Blaine Lake.


(1) Bridging the Years, Era of Blaine Lake and District, 1790-1980, Blaine Lake: Town of Blaine Lake and Rural Municipality of Blaine Lake #434, 1984, p. 2.
(2) Ibid., p. 6. (Traduction)
(3) Ibid., p. 34. (Traduction)

Source

Un bout d'histoire (101)

Bridging the Years, Era of Blaine Lake and District, 1790-1980, Blaine Lake: Town of Blaine Lake and Rural Municipality of Blaine Lake #434, 1984.





 
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