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Des mots

Berdasser

L'aspect intéressant du Dictionnaire du Bon Langage, de l'abbé Étienne Blanchard, est qu'il démontre que beaucoup des anglicismes qu'on retrouve communément dans nos communautés fransaskoises ont eu leurs origines au Québec à la fin du siècle dernier.

Mais, il n'y a pas seulement des anglicismes qui nous ont été transmis par nos ancêtres du Québec. Dans son dictionnaire, l'abbé Blanchard souligne certains mots à corriger, sans en préciser l'origine. Il s'agit de mots qui n'ont aucune origine anglaise mais qui, toutefois, n'ont jamais été acceptés par l'Académie française. Cette semaine, je veux aborder certains de ces mots.

Plusieurs lecteurs ont certainement entendu l'expression «faire le berdas», c'est-à-dire, faire le ménage ou le nettoyage. Chez-nous, on disait plutôt «faire le barda» pour dénoter un grand ménage où toute la maison était tournée dessus-dessous. Le berdas ou le barda avait aussi un deuxième sens, celui de «faire du bruit ou du vacarme.»

En essayant de tracer l'origine de ce mot, j'ai trouvé la définition suivante dans le Dictionnaire de la langue québécoise de Léandre Bergeron: «Barda n.m. – Bruit, tapage. – Soin des animaux à l'écurie, train.» Chez-nous, quand on allait faire du train, il fallait, entre autre, nettoyer les étables. C'est peut-être ainsi que le mot a pris le sens de nettoyer.

Enfin, dans le Petit Robert j'ai trouvé la définition suivante: «Barda n.m. (1848, arabe) L'équipement du soldat. – par extension, bagage ou chargement. Prenez tout votre barda.» Par association d'idée, on peut conclure que prendre ses bagages est une façon de nettoyer une place ou de causer du désordre. En plus, les grands déménagements ne s'effectuent rarement sans faire de bruit.

Peu importe l'origine du mot; dans nos bonnes, grandes familles canadiennes-françaises, les enfants faisaient souvent du berdas ou barda (du bruit) et à chaque printemps on faisait le grand berdas (nettoyage) dans la maison.

Le mot berdas a donné naissance au verbe berdasser (faire du bruit, mettre en désordre). De plus, il y a les berdasseux, les chicaniers, les tapageux et les brasseurs d'affaires.

Puisqu'on parle des grandes familles canadiennes-françaises, il faut mentionner qu'il y avait souvent des enfants bourrasseux qui aimaient bourrasser les plus petits. Un jeune bourrasseux, chez-nous, était un enfant malcommode. Mais, selon l'abbé Blanchard, plutôt que de m'accuser d'être malcommode ma mère aurait dû m'accuser d'être «incommode, taquin, braillard, pleurnichard ou indomptable.» Pour bourrasser, l'abbé Blanchard suggère «malmener, bousculer, brusquer ou rabrouer.»





 
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