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Battleford

L'automobilisme étant considéré comme sport d'hiver dans le nord de la Saskatchewan, c'est un auto qui transporta à la vitesse de vingt milles à l'heure sur des routes glacées et par un froid de 25 degrés au-dessous de zéro le délégué de l'A.C.F.C. de Nord Battleford à Battleford. Mais il n'eut pas le temps de geler, la distance qui sépare ces deux villes n'étant que de quatre milles. Monsieur l'abbé Mourey avait convoqué ses Franco-Canadiens; un certain nombre avait répondu à l'appel de leur dévoué pasteur et le délégué avait la consolation d'établir un cercle de dix membres dans la jolie ville de Battleford.

Le Patriote de l'Ouest
le 5 février 1914
La petite ville de Battleford a certainement connu ses durs moments dans l'histoire de la Saskatchewan. Elle a été abandonnée comme capitale des Territoires du Nord-Ouest en 1882 et la compagnie du Canadien Northern a refusé de traverser la rivière à cet endroit, menant ainsi à la fondation de North Battleford en 1905. Malgré cela, Battleford a une belle et longue histoire et les Canadiens français y ont joué un rôle important.

Battleford est situé à l'endroit où se joignent les rivières Batailles et Saskatchewan-Nord. «La colonisation a commencé sur la rivière Bataille dès 1874: des arpenteurs et des ingénieurs avaient nommé la colonie “Telegraph Flat”.»(1) Les colons commencent à arriver dans le district et un petit village voit le jour près du poste de la Compagnie de la Baie d'Hudson établi en 1868 par Peter Ballendine.

En 1875, la Police montée établit un poste à cet endroit et étudie la possibilité d'y fonder une école d'entraînement. Telegraph Flat est au centre de l'immense Territoires du Nord-Ouest et est donc un choix idéal pour la capitale des Territoires. «En 1876, le site a été choisi comme capitale des Territoires du Nord-Ouest et son nom a été changé à Battleford.»(2)

Plusieurs francophones suivent la Police montée et le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest et viennent s'établir à Battleford. Dans un article précédent, nous avons parlé des frères Prince, Benjamin et J. Alphonse, qui ont connu beaucoup de succès dans la région. Un Canadien français qui arrive à Battleford en 1876, à cause du gouvernement, est le jeune avocat et journaliste du Québec, Amédée Forget. Il vient d'être nommé secrétaire du lieutenant-gouverneur, David Laird. «Appelé par l'ouverture de la session au Conseil, M. Forget doit partir sans délai pour Battleford. Les difficultés de communication en hiver l'empêchent de revenir chercher son épouse avant le mois de juin suivant.»(3)

Le premier shérif des Territoires du Nord-Ouest arrive à Battleford en 1879. Il s'agit d'Édouard Richard, un cousin d'Émile Richard, dont on a fait la connaissance dans une récente chronique. Édouard Richard a travaillé dans un cabinet d'avocats à Arthabaska au Québec, où il avait Wilfrid Laurier comme associé, et ensuite a été député à la Chambre des communes avant de venir dans l'Ouest canadien comme shérif.

Un autre Canadien français appelé à s'établir à Battleford à cause de son poste avec le gouvernement est le juge Charles Borromée Rouleau. Né le 16 décembre 1840, Charles Rouleau fait ses études à l'Université Laval et est accepté au Barreau en 1864. En 1883, il est nommé juge d'un tribunal d'instance des Territoires du Nord-Ouest et il vient s'établir à Battleford. Son frère, un médecin, a aussi séjourner à Battleford, mais on ne sait que peu de chose à son sujet, à part du fait qu'il était dans la région durant la résistance de 1885.

Il y a aussi des francophones qui travaillent pour la compagnie qui construit la ligne de télégraphe. Bernard Frémont, un Belge, dont le nom a parfois été anglicisé en Barney Freeman ou Tremont est un de ceux-ci. Lorsque son travail avec la compagnie est terminé, il s'associe avec Thomas Dewan, un futur beau-frère des frères Prince, et établit une ferme dans la région. Durant la résistance de 1885, Bernard Frémont est tué sur son homestead par des Indiens maraudeurs.

Plusieurs membres de la Police montée décident de rester à Battleford, une fois leur service terminé, et de prendre des homesteads. Frédérick Bourke et Wilfrid Latour deviennent fermiers dans le district. Albert Champagne avait fait partie du premier groupe de la Police montée qui s'était rendu de Dufferin au Manitoba jusqu'au Fort MacLeod dans le sud de l'Alberta en 1874. Il fonde ensuite un ranch dans la région du lac Redberry à l'est de Battleford. Vers 1896, il vend son ranch et achète l'Hôtel Queen à Battleford. En 1905, il est élu, pour remplacer Benjamin Prince, député à l'Assemblée législative de la nouvelle province de la Saskatchewan. Trois ans plus tard, il abandonne son siège pour être élu à la Chambre des communes, à Ottawa. Il sera député fédéral jusqu'en 1917.

Comme ailleurs en province, les francophones ont joué un rôle important dans le développement de la petite ville de Battleford.

(1) McPherson, Arlean, The Battlefords: A History, Saskatoon: Modern Press, 1967, p. 4 (Traduction)
(2) Lavigne, Solange, Kaleidoscope, Many Cultures—One Faith, The Roman Catholic Diocese of Prince Albert, 1891—1991, Prince Albert: Diocèse de Prince Albert 1990, p. 111. (Traduction)
(3) Lapointe, Richard, «Henriette Forget»,100 NOMS, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1988, p. 154.

Sources

Un bout d'histoire (126)

Lapointe, Richard, 100 NOMS, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1988.

Lavigne, Solange, Kaleidoscope, Many Cultures—One Faith, The Roman Catholic Diocese of Prince Albert, 1891—1991, Prince Albert: Diocèse de Prince Albert 1990.

McPherson, Arlean, The Battlefords: A History, Saskatoon: Modern Press, 1967.





 
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