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Des mots

Batch

Si tous les pronostics sont corrects, l'accord du Lac Meech ne sera pas ratifié par la date limite du 23 juin. Advenant que le Lac Meech cale le jour du couronnement du Libéral Jean Chrétien, une batch de Canadiens seront mécontents.

Le terme batch ne figurera certainement pas dans tous les accords constitutionnels du pays et son utilisation pour décrire un groupe de personnes devient de plus en plus rare. Ce terme qui vient de l'anglais était très populaire au début du siècle. Dans son Dictionnaire du bon langage, l'abbé Étienne Blanchard recommandait de le remplacer par «une fournée, une ribambelle de monde.»

Chez nous, je ne peux pas me souvenir avoir entendu batch utilisé dans le contexte d'une foule ou d'un groupe de personnes. Toutefois, le terme était certainement commun dans la maison.

Lorsque ma mère et ma tante se mettaient à faire des galettes à la melasse, elles en faisaient des batchs et des batchs qu'elles congelaient par la suite. De temps en temps, ma mère avait une envie de fabriquer une batch de root beer. Elle sortait alors la grande cuve pour y faire le mélange tandis que nous, les enfants, nous lavions les bouteilles ramassées le long de la grande route. Je me souviens même d'une certaine batch qui avait trop fermenté, ce qui mena à une série de petites explosions alors que les bouteilles n'en pouvaient plus de cette fabrication maison.

Toutefois, lorsqu'on parle de batch, le terme était surtout utilisé chez nous pour parler des cuites de bons pains maisons que ma mère faisait au moins une fois par semaine. Enfin, voilà une tradition qui n'a pas encore été perdue. C'est toujours un grand plaisir d'aller visiter chez ma mère et de manger ce bon pain frais. Les batchs deviennent de plus en plus petite – six à dix pains au lieu des soixante que ma mère préparait lorsque nous étions une dizaine autour de la table.

Si le terme batch a été emprunté directement de l'anglais, un autre qui lui ressemble a été quelque peu modifié au cours des années. Il s'agit bien sûr de bachelor qui dans la langue de Molière au Canada est devenu batcher. Bien sûr, au Canada français, batcher a pris un différent sens que le bachelor anglais. Selon Léandre Bergeron: «Batcher: v.intr. – faire sa propre cuisine.»

David Rogers, dans son Dictionnaire de la langue québécoise rurale, élargit le sens de batcher pour aussi lui donner le sens anglais de vivre en célibataire. Toutefois, un exemple qu'il a récupéré de la littérature québécoise réaffirme la définition de Bergeron – faire sa propre cuisine. La citation est tirée du roman «Les Jours sont longs» page 55: «Aussi longtemps que je batchai, comme disent les gens de là-bas, je ne pus me décider à laver, plus qu'une fois le jour, assiettes et autres ustensiles.»

En terminant, j'aimerais vous proposer un autre terme qui m'a été suggéré récemment. Je ne suis pas certain si je l'écris correctement, mais je n'ai pu trouver aucune épellation dans aucun dictionnaire. Il s'agit du terme r'vénésie ou peut-être revenez-y. Pour moi, ce mot voulait toujours dire quelque chose qui a un goût plutôt méchant. Pour d'autres, il s'agissait d'un goût plaisant. Si certains lecteurs connaissent ce terme – comment l'écrire et son sens exacte – j'aimerais avoir de vos nouvelles.





 
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