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Des histoires

Bassins hydrographiques

Que répondrait votre voisin si vous lui demandiez, à brûle-pourpoint, s'il est possible de filer tout droit en canot de la Saskatchewan jusqu'à la Louisiane et au golfe du Mexique? Il y a de fortes chances qu'il vous dise: «Bien sûr que non!» Eh bien, il aurait tort, car une partie des eaux de la Saskatchewan se jette bel et bien dans le lointain golfe du Mexique.
En mettant un canot à l'eau aux collines des Cyprès ou encore au sud de Ferland ou de Willow-Bunch, il suffirait de descendre la rivière Frenchman jusqu'à la rivière au Lait et de là jusqu'au Missouri qui se jette finalement dans le Mississippi à Saint-Louis. Il faut pourtant avouer qu'avec sa manie de toujours vouloir faire mieux que la nature, l'homme a rendu un tel projet techniquement irréalisable en construisant des dizaines de barrages sur le trajet.

Pendant que vous le tenez, ce bon voisin, demandez-lui s'il est possible d'aller directement de la Saskatchewan jusqu'à Montréal en canot. «Pourquoi pas?», répondra-t-il, se rappelant les images des voyageurs avironnant hardiment dans leurs grands canots d'écorce, longue pipe de plâtre au bec et ceinture fléchée nouée autour du corps. Eh bien, il aurait encore tort, car le bassin des Grands Lacs et du Saint-Laurent ne s'étend pas jusque dans notre province. Avant d'y parvenir, il faut faire une série de portages.

Demandez-lui maintenant si l'on peut aller de la Saskatchewan jusqu'au pôle Nord en canot. En homme prudent, il pourrait hasarder un «p'têt ben qu'oui, p'têt ben qu'non». Cette fois-ci, il aurait raison, parce qu'il est tout à fait possible de descendre les cours d'eau du nord-ouest de la province jusqu'à l'océan Arctique; toutefois, la banquise polaire interdirait l'accès du Pôle Nord à un si frêle esquif.

Il y a donc trois principaux bassins hydrographiques en Saskatchewan. Le premier, celui du Mississippi et du golfe du Mexique, est comparativement peu étendu et se limite à une lisière du sud-ouest, le long de la frontière américaine. Le deuxième, celui du fleuve Mackenzie et de l'océan Arctique, est beaucoup plus grand et draine toutes les terres situées approximativement au nord-ouest du lac des Cris. Le dernier et de loin le plus étendu, c'est le système du lac Winnipeg et de la baie d'Hudson. C'est aussi celui qui est le plus complexe, car il peut être subdivisé en plusieurs versants. Le versant du fleuve Thelon (1) couvre une fraction minuscule du nord-est; celui du fleuve Churchill (2) occupe le centre de la province. Le troisième, celui du lac Winnipeg (3), comprend toutes les terres drainées par les rivières Saskatchewan Nord et Sud, l'Assiniboine, la Qu'Appelle, la rivière Carotte, la rivière au Cygne et la Souris.

Il existe pourtant des anomalies, et elles sont de taille! Dans le sud de la province, surtout dans le bassin du lac Winnipeg, mais aussi dans celui du Mississippi, de très vastes zones ne sont pas intégrées au bassin auquel elles paraissent appartenir. Ce sont les zones ombrées sur la carte. L'eau de pluie et de la fonte des neiges s'accumule dans de légères dépressions pour former des étangs, des marais et même de grands lacs, pour plus tard s'évaporer. Ces zones forment ce qu'on appelle habituellement des «bassins intérieurs». Par exemple, toutes les eaux qui coulent dans la rivière La Vieille (c'est aujourd'hui la Wood River) et dans le ruisseau Notukeu se déversent dans le lac La Vieille (aujourd'hui Old Wives Lake), d'où elles s'évaporent durant les grandes chaleurs de l'été. De même, dans le centre-est de la province, les eaux s'accumulent dans les deux lacs La Plume – les Quill Lakes – où elles restent prisonnières. La Saskatchewan et sa voisine à l'ouest sont les deux seules provinces canadiennes où se produit un tel phénomène.





 
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