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Des mots

Baratin

De temps à autre on rencontre des termes qu'on n'a jamais entendu auparavant. Ceux-ci semblent être communément utilisés, mais pas dans un patelin ou un autre. Récemment, l'ami Marcel Moor de Gravelbourg me suggérait un mot que je n'avais jamais rencontré au préalable. Un simple petit mot, baratin, un terme qui veut dire, selon monsieur Moor, un genre de pêteux de broue. Maintenant, pêteux de broue, voilà une expression que j'ai souvent entendue en Saskatchewan.

Mais, revenons à baratin pour un instant. Léandre Bergeron nous propose une définition dans son Dictionnaire de la langue québécoise. Mais la sienne n'a rien à voir avec les pêteux de broue que l'on connaît si bien. Selon lui, un baratin est le croisillon d'une fenêtre (les deux petites planches qui se croisent dans une fenêtre) ou encore un baratin est une colline. Les autres dictionnaires spécialisés de la langue française parlée au Canada ne font même pas état du mot et n'indiquent aucunement comment Bergeron en est arrivé à cette définition.

Le Petit Robert nous dit que le terme est relativement nouveau (début du XXe siècle) et veut dire «un discours abondant, particulièrement celui qui tend à en faire accroire, à circonvenir.» Donc, chez-nous, cette définition s'adresse vraiment à un pêteux de broue. Bélisle concorde avec cette définition mais suggère aussi le terme baraterie – «n.f. Fraude commise par le capitaine, le maître ou patron d'un navire, au préjudice des armateurs, des assureurs.» Et, Bélisle nous propose d'aller vérifier le terme barat dans des dictionnaires de l'ancien français.

Le dictionnaire Larousse de l'ancien français nous dit: «barat: n.f. (1155, Wace; origine obscure.) 1. Ruse, tromperie, fourberie. 2. Confusion, tapage.»

Le terme baratin, dans le sens que l'utilise l'ami Marcel Moor, veut donc dire quelqu'un qui raconte de belles histoires, quelqu'un qui a l'imagination vive. Monsieur Moor se demandait toutefois si le terme ne serait pas venu du mot baratte, comme la baratte à beurre. Hatzfeld, Darmesteter et Thomas dans leur Dictionnaire général de la langue française (1924) proposait cette définition pour le mot baratte: «n.f. (Etym. Origine inconnue. Paraît être distinct de l'ancien français, barate, confusion, agitation. 1549.) Seau allongé où l'on bat la crème pour la convertir en beurre.»

Donc, monsieur Moor avait raison. Baratte et baratin viennent tous deux de la même source barat – confusion.

Dans un autre ordre d'idée, une amie, en lisant un roman québécois, rencontre le mot paperman (pastille de menthe). Le mot est certainement commun en Saskatchewan. Tous, nous nous souvenons de notre jeunesse alors que nos parents avaient toujours des papermannes cachés ici et là dans la maison. Toutefois, nous nous demandions jamais comment le terme était écrit. Nous savions qu'il venait de l'anglais «peppermint» et sans aucun doute nous avions été corrigés par nos enseignantes dans les cours de bon parler français.

L'auteur de ce roman l'avait écrit paperman, Bergeron nous suggère papermanne, l'abbé Étienne Blanchard papermane et enfin David Rogers a relevé l'épellation papparmane. Semblerait-il que c'est un anglicisme qu'on peut écrire de la façon qu'on veut.

Peu importe comment on l'écrit, le terme revient dans plusieurs romans. David Rogers l'a trouvé, entre autres, dans «La Scouine» d'Albert Laberge, page 58: «Il lui apportait le dimanche un sac de pastilles de menthe, des paparmanes dans le langage de Charlot.»





 
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