Des motsBal à l'huileIl y a des termes et des expressions que nous utilisons de temps en temps, des termes vieillis, et dont le sens a quelque peu changé. Rolland Pinsonneault, président des Publications Fransaskoises, suggérait récemment une telle expression – le bal à l'huile. Cette expression, je la connaissais bien, pour décrire une bonne soirée du bon vieux temps. Lorsque j'étais jeune, avant qu'on construise une salle communautaire à Bellevue, on organisait des soirées dans les maisons des gens. C'était encore à l'époque des grandes cuisines de campagne. On rangeait les meubles contre les murs, les musiciens s'installaient devant le vieux poêle à bois, et c'était la fête. En utilisant le téléphone de l'époque, on faisait un appel général pour inviter tout le monde. Certains apportaient même quelques bouteilles de homebrew pour animer la soirée, malgré le fait que l'hôte fournissait de la bière et du rye «Five Star». Pour nous les enfants, ce que nous voulions c'était de voir ces bouteilles de «Five Star» se vider le plus vite possible pour avoir l'étoile, question d'être le «sheriff» la prochaine fois qu'on jouerait au «cowboys and Indians». L'hôtesse, elle, avait préparé des plats et des plats de delicieux mets – viande, salades, pommes de terre, etc. Et, la soirée était toujours plus vivante lorsqu'un des animateurs de CFNS était présent – celui qui pouvait caller des sets ou qui avait un bon répertoire de chansons à répondre. Plus tard, lorsque j'ai connu l'expression un bal à l'huile, je l'ai immédiatement associé à ces bonnes soirées du bon vieux temps. Lorsque M. Pinsonneault m'a suggéré l'expression, j'ai immédiatement commencé à chercher un bal à l'huile dans mes nombreux dictionnaires. La définition que j'ai trouvé dans ces dictionnaires n'était pas celle que j'avais imaginée. Léandre Bergeron dans son Dictionnaire de la langue québécoise et Louis-Alexandre Bélisle dans son Dictionnaire nord-américain de la langue française donnent tous les deux la définition suivante: «soirée pour laquelle aucune dépense n'a été faite.» Maintenant, si ma mémoire m'est fidèle, ces bonnes soirées du bon vieux temps que j'ai connues occasionnaient toujours des dépenses pour les hôtes – alcool, bouffe, etc. Pour moi, une soirée où aucune dépense n'aurait été encourue est un B.Y.O.B. N'est-ce pas? Un autre terme qui m'a été suggéré récemment est très commun dans le vocabulaire des gens du Canada, et à ma grande surprise, je l'ai même trouvé dans le Petit Robert. Il s'agit de l'adjectif malaisé. Le Petit Robert nous suggère la définition suivante: «Qui ne se fait pas facilement. Voir difficile. Une tâche malaisée.» Le terme vient de l'adjectif aisé qui a de l'aisance. Alors que Victor Hugo pouvait écrire «Rien n'est tel que de commencer pour voir combien il sera malaisé de finir», les Acadiens ont ajouté leur goutte de poésie à ce terme: «Le canot est malaisé à pousser (à la mer); il est malaisé à gagner (il n'a pas son pareil) et elle est malaisée à contenter (elle n'est pas facile à plaire).» (Boudreau – Glossaire du vieux parler acadien.) Le terme n'est certes pas original aux Fransaskois, mais nous avons tous, à un moment ou un autre, déclaré «C'est trop malaisé à faire» quand nous voulions nous esquiver d'un peu de travail. Hélas, nos mères ou nos pères nous laissaient jamais nous en sortir si facilement. |
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