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Des mots

Atacas

Malgré le fait que la plupart d'entre nous aimerions que l'été se poursuive, ou au moins le beau temps de l'automne indien, nous réalisons fort bien que l'hiver est arrivé; le froid, la neige, la glace. Noël s'en vient à grands pas et avec cette fête de la naissance du Christ viendront les rencontres de familles et les soupers traditionnels.

Si la culture traditionnelle veut que la tourtière soit le met favori des Canadiens français à Noël, il ne faut pas oublier que chez les Fransaskois, notre culture veut maintenant que nous mangions également de la dinde; de la bonne dinde avec une compote préparée avec des atacas.

Il reste encore cinq semaines avant Noël, mais tous ceux qui étaient au banquet de la Commission culturelle fransaskoise en fin de semaine à Saskatoon ont eu un avant goût de ces traditionnels soupers des fêtes fransaskoises; une grosse assiette de viande de dinde avec de la sauce aux atacas.

J'étais assis à la même table que plusieurs grandes personnalités de la fransaskoisie – Jean-Pierre Picard aux cheveux courts, Craig Pollock sans son saxophone et Céline Giguère sans pinceaux et peintures.

La conversation tourne vite à la Parlure fransaskoise! Doit-on dire des atacas ou des canneberges? Simone Verville affirme qu'elle n'a jamais pu trouver le mot atacas dans son Petit Robert. Craig Pollock intervient pour nous rassurer qu'il y a une différence entre un ataca et une canneberge.

– Le tout a à faire avec le «high bush» et le «low bush», déclare-t-il.

Selon lui, les atacas poussent sur les buissons hauts tandis que les canneberges poussent sur les buissons bas. Ou, est-ce l'inverse? Je promets de faire une recherche du sujet et d'y consacrer une chronique.

Trouve-t-on ataca dans le Petit Robert? Première fois, non. Passons au Dictionnaire des difficultés de la langue française. Selon Bélisle, «atacas, voir atocas. Atocas n.m.pl. Canneberges, airelles des marais, petites baies rouges et acides dont on fait une compote très goûtée pour assaisonner la dinde et certaines autres viandes. Appelées aussi pommes des prés, pommes de terre.»

Si on retourne maintenant au Petit Robert, on trouve la définition suivante: «atoca ou ataca n.m. (1632; mot amérindien.) (Canada). Baie rouge de saveur acidulée. Voir canneberge.»

Jusqu'à présent, aucune référence à des buissons hauts et des buissons bas, monsieur Pollock. Tournons alors notre attention vers le Dictionnaire des difficultés de la langue française en Amérique (Dagenais).

Monsieur Dagenais écrit: «Canneberge – Tandis que l'airelle des bois produit une baie très légèrement acide, la myrtille (voir Bleuet), l'airelle des marais donne un petit fruit rougeâtre d'une saveur très acidulée auquel elle prête son nom, airelle. On en fait des compotes, des confitures et des gelées utilisées comme condiment avec les viandes rouges dans les pays germaniques et avec les volailles dans les pays anglo-saxons. Cela s'explique dans une certaine mesure par le fait que l'airelle des marais n'est pas la même dans toutes les régions. Le Larousse gastronomique, publié en 1938, fait une distinction entre l'airelle des marais proprement dite, l'airelle canneberge de France et le fruit amérindien qui leur est apparenté, nommé cranberry en anglais. Les amérindiens appelaient atoca l'airelle des marais d'Amérique.»

Selon Dagenais, ataca est une déformation d'atoca. Donc, monsieur Pollock semble avoir raison; il y a une différence entre la canneberge et l'ataca. Selon Dagenais, atoca devrait être remplacé par lacanneberge d'Amérique. Mais il ajoute que puisque canneberge désigne la plante, il faudrait dire airelle ou airelle d'Amérique pour signifier le fruit, l'atoca.





 
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