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Des gens

Albert Pascal, o.m.i.

Duck Lake

Jeudi dernier, Monseigneur Pascal nous a fait l'honneur d'une petite visite. Sa Grandeur est descendue au presbytère, chez notre Rév. Curé et de là s'est rendue à l'École St-Michel.

Le Patriote de l'Ouest
le 29 mais 1913
C'est le 19 avril 1891 qu'un jeune oblat français, Albert Pascal, est nommé Vicaire Apostolique de la Saskatchewan. Cette nomination transforme ainsi l'administration catholique de l'Ouest canadien; l'ancien énorme diocèse de Saint-Albert, toujours administré en 1891 par Mgr Vital Grandin, est alors divisé en deux et un vicariat apostolique est créé dans le district de la Saskatchewan. Albert Pascal est ainsi nommé, en 1891, évêque titulaire de Mosynopolis et Vicaire Apostolique de la Saskatchewan. Ce n'est qu'en 1907 que le vicariat de la Saskatchewan deviendra le diocèse de Prince Albert avec Albert Pascal comme son premier évêque.

Et qu'allait trouver, le jeune missionnaire, à son arrivée à Prince Albert en 1891 (') «Lorsque Monseigneur Pascal fut appelé par la volonté du Saint-Siège et de ses supérieurs religieux à venir fonder le diocèse de Prince Albert, il ne trouva en arrivant qu'une remise pour palais épiscopal et une misérable cabane pour cathédrale.»(1)

Si le nouvel évêque n'aura pas un immense territoire à parcourir, comme l'ancien diocèse de Saint-Albert, n'empêche qu'il aura lui aussi des milliers de milles à parcourir à pieds, à cheval ou en bateau pour visiter toutes les missions de son diocèse. «Le Vicariat Apostolique de la Saskatchewan s'étendait alors jusqu'au pôle glacial et comprenait à peu près tout le Vicariat Apostolique actuel du Keewatin.»(2) Ce n'est qu'en 1910 que le Vicariat du Keewatin (le nord et l'est de la Saskatchewan et du Manitoba et une bonne partie de l'actuel Territoire du Nord-Ouest) est créé avec Mgr Ovide Charlebois, o.m.i., comme premier Vicaire Apostolique. De plus, le futur diocèse de Prince Albert comprend aussi, en 1891, tout le territoire qui forme aujourd'hui le diocèse de Saskatoon, créé en 1933.

Qui est alors Albert Pascal, o.m.i.' Il n'est pas nouvellement arrivé dans le Nord-Ouest lorsqu'il est nommé évêque en 1891. Fils de Louis-Albert Pascal et Sylvie Dupuis, il est né le 3 août 1848 à Saint-Genest-de-Beauzon (Ardèche) France. Il fait des études à Viviers (où il sera consacré évêque en 1891) avant d'entrer au petit séminaire d'Aubenas.

En 1870, il fait la connaissance de Mgr Clut et décide de se consacrer aux missions de l'Ouest canadien. «Il était alors séminariste et il partit pour le Canada avec Mgr Clut, vénérable missionnaire de l'Extrême-Nord dont les récits de pénibles missions avaient enflammé d'ardeur le courage du jeune lévite.»(3) Il se rend alors au Canada où il termine ses études au grand séminaire de Montréal. On dit même qu'il a quitté la France sans avoir dit adieu à sa mère.

Albert Pascal est ordonné prêtre le 1er novembre 1873 à Montréal par Mgr Édouard Fabre, évêque titulaire de Grationopolis et coadjuteur de Montréal. Toutefois, le jeune missionnaire ne réalise pas immédiatement son rêve de se rendre dans le grand Nord-Ouest. Ses premières obédiences sont à Saint-Pierre-Apôtre de Montréal (1873), à Saint-Pierre de Plattsburgh, New York (1873) et dans les missions des chantiers de l'Outaouais (hiver 1873-1874). C'est seulement à l'été de 1874 qu'il reçoit des ordres de se rendre dans l'Ouest canadien. On le dirige à se rendre à la mission de Fond-du-Lac dans la région du lac Rabasca (lac Athabasca). «De St-Boniface à Edmonton, ou plutôt Saint-Albert, le trajet de plus d'un millier de milles dans l'immense prairie se fit en charrette à boeufs et dura plus d'un mois. De là, il fallait encore entreprendre un très long voyage pour se rendre à destination de la mission de Notre-Dame des Sept-Douleurs, au fond du lac Athabasca, où il allait passer de longues années dans la solitude et l'isolement le plus complet, se dévouant à l'évangélisation des pauvres sauvages montagnais.»(4)

Avant même de se rendre à la mission de Fond-du-Lac, le père Pascal passe un an à la mission de Fort Chipewyan sur le lac Athabasca (1874-1875). Suivent ensuite six ans de travail d'évangélisation à Fond-du-Lac puis un retour de neuf ans à la mission de Fort Chipewyan.

La vie d'Albert Pascal dans les missions du lac Athabasca n'est pas la plus confortable. La mission de Fond-du-Lac a été décrite comme suit: «Le bâtiment qui sert de résidence et de chapelle est déjà vieux ayant été construit en 1855 par le père Grollier. Il mesure 27' par 19' mais est assez grand pour contenir l'autel, le célébrant et deux servants de messe. Lorsque les portes de la chapelle sont ouvertes, tout le bâtiment peut servir d'église... Le bâtiment est construit de bois rond et les fentes sont remplies de boue.»(5)

Après avoir passé seize ans dans le grand nord canadien, Albert Pascal prend congé et se rend en France en 1890. Il est là-bas lorsqu'il est nommé Vicaire apostolique de la Saskatchewan en 1891. «Au cours de son voyage il fut nommé évêque titulaire de Mosynopolis et vicaire apostolique de la Saskatchewan le 19 avril 1891 et sacré à Viviers, le 28 mai 1891, par Mgr Michel-Frédéric Bonnet, évêque de Viviers.»(6) Pendant vingt-neuf ans, Albert Pascal aide à bâtir le diocèse de Prince Albert.

La subdivision du diocèse de Saint-Albert, qui comprenait alors les districts de la Saskatchewan, de l'Alberta, de l'Athabasca et du Keewatin dans les Territoires du Nord-Ouest, devenait une urgente nécessité vers la fin des années 1880. La construction d'une ligne du chemin de fer jusqu'à Prince Albert, prévue pour l'été 1890, et l'arrivée de milliers de colons allaient causer de sérieux problèmes aux missionnaires du district de Saint-Laurent.

Il n'est alors pas surprenant que Mgr Vital Grandin, évêque de Saint-Albert, réussisse à convaincre Rome de créer un nouveau vicariat apostolique en 1891 avec le siège administratif à Prince Albert. Mgr Albert Pascal, o.m.i., en devient le premier vicaire apostolique.

Lorsque le nouvel évêque arrive à Prince Albert, il se rend compte que tout est à bâtir. On a vu dans la dernière chronique que Pascal avait trouvé une remise comme palais et une cabane comme cathédrale lors de son arrivée dans son nouveau vicariat.

Ayant passé tellement d'années dans les missions du grand nord, le nouvel évêque n'est pas autrement troublé par cette situation. Au cours des vingt-neuf prochaines années, il va se consacrer à bâtir un diocèse. «On lui doit, en particulier, la fondation du Patriote de l'Ouest, la construction de la cathédrale de Prince Albert, des efforts en vue de l'établissement d'un collège catholique auprès de l'Université de la Saskatchewan (1919) et la fondation d'une école indienne à Duck Lake, Saskatchewan, en 1894.»(7)

La première tâche d'Albert Pascal, après avoir divisé son vicariat en quatre districts (Prince Albert, Battleford, Île-à-la-Crosse et Cumberland), est de faire construire une cathédrale. Mais dans tout son immense vicariat, il n'y a qu'environ 20 000 personnes, 17 pères oblats et six frères. Il n'a donc pas beaucoup d'argent à sa disposition. Malgré cela, les travaux de construction commencent en mai 1892. Les coûts sont exorbitants. «Notre église devait coûter $4,800.00 mais le père Dommeau m'informe que les accessoires et les travaux supplémentaires vont augmenter les coûts à $6,000.00.»(8) Afin d'aider à défrayer les coûts, Mgr Pascal doit quêter des sous dans le Bas-Canada et en France. «Deux voyages en France en 1893 et en 1898 fournissent les fonds nécessaires pour ériger une cathédrale et un modeste palais pour l'évêque.»(9) Un nouvel évêché est construit en 1898 et une nouvelle cathédrale en 1914.

Albert Pascal s'était toujours préoccupé du bien-être et de l'enseignement des jeunes Indiens. En 1884, Mgr Langevin, archevêque de Saint-Boniface, avait obtenu des fonds du gouvernement fédéral pour la construction d'une école résidentielle indienne à Lebret. Dix ans plus tard, Albert Pascal, o.m.i., fait de même à Duck Lake. Le nouvel évêque ne fait que continuer le travail entrepris par Mgr Grandin. soit la construction d'une école industrielle à Duck Lake.

En mai 1894, le gouvernement accepte de bâtir une petite école indienne, mais ce n'est certainement pas une école industrielle. Cette petite école devient l'école Saint-Michel de Duck Lake et le père Mélassippe Paquette, o.m.i., est nommé premier principal. Le 10 août 1894, l'école ouvre ses portes avec sept garçons et filles des réserves Muskeg, Mistawasis et Sandy Lake. Mgr Pascal continue à talonner le gouvernement pour obtenir des fonds supplémentaires pour une école industrielle et le père Paquette peut enfin ajouter une deuxième résidence pour une soixantaine de jeunes Indiens.

L'école industrielle Saint-Michel de Duck Lake connaît ses meilleures années sous la direction du père Ovide Charlebois, o.m.i., et ensuite sous celle du père Henri Delmas, o.m.i. Les Fidèles Compagnes de Jésus viennent aider le père Paquette en 1895. Plus tard, elles sont remplacées par les Soeurs de la Présentation de Marie.


L'établissement du premier journal de langue française en Saskatchewan est attribué à Mgr Pascal par Gaston Carrière dans son Dictionnaire biographique des Oblats de Marie Immaculée au Canada. Toutefois, Albert Dubé dans La Voix du peuple, attribue cette distinction au père Charlebois, o.m.i., et aux abbés Myre et Bourdel. Il ajoute toutefois que «La décision de fonder une compagnie de publication est prise lors d'une assemblée tenue à l'Évêché de Prince Albert, le 31 janvier 1910... Mgr Pascal, Évêque de Prince Albert, souscrit 1,000$»(10) Mgr Pascal devient alors un des principaux actionnaires du journal.

Enfin, Mgr Albert Pascal est l'architecte du premier collège universitaire catholique en Saskatchewan, le Collège Saint Thomas More sur le campus de l'Université de la Saskatchewan à Saskatoon. Pascal avait proposé la fondation du collège en 1919.

Le premier évêque de Prince Albert est décédé en France, le 12 juillet 1920.


(1) «Mgr Pascal est mort en France», Le Patriote de l'Ouest, 21 juillet 1920, p. 1.
(2) Ibid., p. 1.
(3) Ibid., p. 1.
(4) Ibid., p. 1.
(5) Lavigne, Solange, Kaleidoscope, Many Cultures - One Faith, The Roman Catholic Diocese of Prince Albert, 1891-1991, Prince Albert: Diocèse de Prince Albert, 1990, p. 7. (Traduction)
(6) Carrière, Gaston, Dictionnaire biographique des Oblats de Marie Immaculée au Canada, Volume III. Ottawa: Éditions de l'Université d'Ottawa, 1976-1979, p. 48.
(7) Carrière, Gaston, Dictionnaire biographique des Oblats de Marie Immaculée au Canada, Volume III, Ottawa: Éditions de l'Université d'Ottawa, 1976-1979, p. 48.
(8) Lavigne, Solange, Kaleidoscope, Many Cultures - One Faith, The Roman Catholic Diocese of Prince Albert, 1891-1991, Prince Albert: Diocèse de Prince Albert, 1990, p. 10. (Traduction)
(9) Ibid., p. 11. (Traduction)
(10) Dubé, Albert, La Voix du peuple, l'histoire populaire de la presse écrite fransaskoise, 1910-1990, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1993, p. 13.

Sources

«Mgr Pascal est mort en France», Le Patriote de l'Ouest, le 21 juillet 1920.

Carrière, Gaston, Dictionnaire biographique des Oblats de Marie Immaculée au Canada, Volume III. Ottawa: Éditions de l'Université d'Ottawa, 1976-1979.

Dubé, Albert, La Voix du peuple, l'histoire populaire de la presse écrite fransaskoise, 1910-1990, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1993.

Lavigne, Solange, Kaleidoscope, Many Cultures - One Faith, The Roman Catholic Diocese of Prince Albert, 1891-1991, Prince Albert: Diocèse de Prince Albert, 1990.





 
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