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Société de la Saskatchewan
Société historique de la Saskatchewan

001: Choix d'une nouvelle capitale des T.N.O.

Histoire abrégée de la fransaskoisie

Regina, Ville Centenaire

1er article

La présence de francophones dans les limites actuelles de la ville de Regina était moins manifeste parmi les premiers habitants de la cité qu'elle l'est aujourd'hui, même si les francophones n'y sont encore, un siècle plus tard, qu'une faible minorité. Toutefois, des Canadiens français étaient parmi les tout premiers pionniers qui vinrent établir la future capitale des Territoires du Nord-Ouest; le premier enfant blanc né dans les plaines de Regina, Julia FLAMEAU, en automne 1859 était, dit-on la fille d'un marchand français de fourrures.

Mais il serait bon de se demander d'abord dans quelles circonstances Regina a été amenée à détrôner Battleford comme capitale des Territoires, en 1882. avant de devenir celle de la Saskatchewan, 23 ans plus tard.

Dès 1874 la bourgade naissante de Telegraph Flat, ou Plaine du Télégraphe, située à la jonction de la rivière Bataille avec la Saskatchewan Nord, avait attiré l'attention des ingénieurs qui étudiaient la topographie du pays en vue d'y tracer la ligne du futur chemin de fer du Canadian Pacific Railway; puis son nom avait été changé en Battleford, «gué de la rivière Bataille» lorsqu'elle fut choisie comme capitale des Territoires du Nord-Ouest. Certaines considérations amenèrent toutefois les autorités à réviser leurs premiers plans; jugeant que l'intérêt du Canada exigeât que la ligne transcontinentale du C.P.R. passât plus près de la frontière américaine, son tracé fut modifié en 1881, et situé plus au sud; la configuration du terrain se prêtait mieux aussi dans ces régions à la construction d'une voie ferrée. Comme on s'en doute, une telle décision ne pouvait que signifier le coup de mort pour Battleford; cette ville naissante ne pouvait continuer à assumer son rôle de capitale tout en étant isolée, le télégraphe mis à part, du moyen de communication le plus rapide à cette époque: le cheval d'acier. Le nouveau gouverneur de ces régions, l'hon Edgar DEWDNEY, en fonction depuis le 3 février 1881, fut alors chargé par le Premier ministre fédéral, Sir John MACDONALD, de trouver de concert avec le directeur général du C.P.R., William-Cornélius VAN HORNE, le site de la nouvelle capitale, qui traverserait la ligne du Canadian Pacific Railway.

La vallée Qu'Appelle se prêtait admirablement à cette vocation d'abriter la nouvelle capitale du Nord-Ouest; cette vallée magnifique offrait la protection de ses collines escarpées contre le vent, de l'eau douce à profusion, du bois de chauffage, si rare dans le sud des Prairies, la proximité immédiate de terres agricoles considérées parmi les plus productives de l'Ouest, et, ce qui ne gâtait rien, une suite de paysages enchanteurs dans le cadre d'une nature dont le charme et les fantaisies faisaient un peu rêver au paradis terrestre. DEWDNEY parcourut effectivement cette région, mais il y alla sans VAN HORNE. Il y entra même en pourparlers avec le propriétaire d'une terre près de Fort Qu'Appelle, mais, «n'ayant pu s'entendre avec lui sur le prix de cet immeuble (de cette terre), il dut penser à la grande prairie?» Il est d'ailleurs permis de penser que DEWDNEY ne s'était rendu dans la vallée Qu'Appelle que pour la forme, plutôt qu'avec l'intention bien arrêté d'y jeter les bases de la nouvelle capitale. C'est du moins la conclusion que l'on pourrait tirer de ses activités à l'époque, et que ne manquent pas d'évoquer plusieurs auteurs sérieux tels que Pierre BERTON, Earl DRAKE et J, William BRENNAN, qui soulignent l'intérêt porté par le Lieutenant-gouverneur Edgar DEWDNIEY à la spéculation des terres. Au grand étonnement de beaucoup, on trouva que les pentes abruptes de la vallée Qu'Appelle ren-draient difficiles et coûteux les travaux de construction d'une ligne de chemin de fer; on invoqua aussi la politique établie pour la construction de la ligne transcontinentale du C.P.R., de ne pas traverser les communauté déjà établies, comme c'était le cas, à Fort Qu'Appelle...; on trouva aussi que Regina était plus central et au cÏur d'une riche région agricole ... Ce que peu de gens savaient alors c'est que, probablement informé par des sources internes de la Hudson Bay Company qui était propriétaire des seules terres disponibles à vendre, DEWDNEY avait formé au moins deux compagnies, composées de citoyens éminents, et qui avaient acheté au début de 1882, 28 sections de terres de la Hudson Bay Company, contiguës à la future ligne de chemin de fer. L'une d'elles, la section 26, township 17 range 20 à l'ouest du second méridien principal était d'une exceptionnelle valeur.

Bien qu'ayant cherché à camoufler leur identité, les propriétaires de cette section étaient mentionnés au Bureau du Cadastre (Land Title Office); on 3 relevait les noms de DEWDNEY, de deux membres du Parlement, d'un ancien Premier ministre du Manitoba, et leader du Sénat, Alexander CAMPBELL, du Contrôleur de la Mounted Police, Frederick WHITE, lequel prévoyait construire la caserne et les dépendances de la N.W.M.P. près de la propriété en question, d'un des principaux responsables de la Hudson Bay Company, d'un fils de l'hon. A.T. GALT, Elliott, et d'un futur juge du Manitoba J.J. BAIN. Cette propriété se trouvait dans le futur Regina entre l'avenue Dewdney, au sud, la rue Pasqua à l'est, et au nord de l'endroit où la ligne du C.P.R. devait croiser le ruisseau Wascana, c'est-à-dire au cÏur même de l'endroit désigné par le Lieutenant-gouver-neur pour bâtir la nouvelle capitale des Territoires ...

Tous droits réservés René Rottiers


1. L'Église dans l'Ouest canadien, R,P, Morice, Vol. 11, pp. 419-420, p. 34.
2. Ibid. p.34,
3. The Last Spike, Pierre Berton, p. 115; Regina The Queen City, Earl Drake, p. 11; Regina Before Yesterday, Introduction, J. William Brennan, p. 3.
4. Ibidem, Pierre Bertôn, p. 114.
5. Ibidem, Pierre Berton, p. 115.
6. Ibidem, Earl Drake, pp. 11 à 15.


Photo: Un wagon du chemin de fer devant un tas d'os. Reproduit du livre Regina, The First 100 Years, William Argan, Pam Cowan & Gordon W. Staseson, p. 10.





 
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